Tété, un concert littéraire dans la paix de Césaire

A l’occasion du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire, Tété (« guide » en wolof) établit des ponts entre son univers pop, rock, tendance nostalgie du Sud américain, et les poèmes, à commencer par le célèbre Cahier d’un retour au pays natal.

Ce fils du Sénégal et de la Martinique était lundi 11 novembre à la Maison de la poésie, à Paris, pour un concert littéraire unique où il était question – avec humour – de la carte des identités… Entre des « chansonnettes », Tété a lu sept textes extraits de l’œuvre de Césaire.

En musique, son pays c’est la Louisiane. Il chante Marie Laveau, figure emblématique du culte vaudou américain. Et lit un bel hommage au poète martiniquais :

Extrait :

« L’homme a toujours été un chantre de la langue française, un chantre d’une certaine solitude exil aussi, une solitude exil qui cherche à dresser la carte des identités créoles des confluences entre l’Afrique, les Antilles et l’Hexagone.

Aucun homme n’est une île, disent les poètes. Césaire c’est un peu toute la Caraïbe à lui seul. Et il y a tant d’Aimé dans mon ADN. La carte du monde faite à mon usage, non pas teinte aux arbitraires couleurs des savants mais à la géométrie de mon sang répandu.

Sous mes airs, résistance créative donc qui se bat pour édifier et non détruire, édifier les esprits tant que les ponts entre les cultures, Césaire poétique du clair-obscur qui fait la part belle au soleil crépusculaire des opprimés. »

Le goût des autres ? « Le plus dur reste à faire » (Syla, rappeur)

Pour son festival « Le goût des autres », Le Havre a voulu faire place aux « littératures de la négritude », pluriel ambitieux à cerner si l’on excepte le trio Senghor, Damas, Césaire. Césaire dont l’année 2013 est celle du centenaire de la naissance.

La belle idée des organisateurs est d’avoir lancé cette année du centenaire de Césaire la même semaine que Fort-de-France, en Martinique. Mais au Havre, en ce premier jour de rencontres, on a davantage évoqué le jumelage avec une autre ville, Pointe-Noire, capitale économique et principal port du Congo, avec la personne de l’écrivain Alain Mabanckou, qui publie Lumières de Pointe-Noire (Le Seuil), une forme de cahier d’un retour au pays natal.

Le programme du Goût des autres.

Dans ce reportage apparaissent successivement les rappeurs Syla, A-Kalmy et le député-maire du Havre, Édouard Philippe. Images : Leïla Zellouma, son : Bernard Blondeel, montage : Harold Horoks :

Björk, Earth Intruders et le tsunami de la pauvreté

Björk a écrit la chanson Earth Intruders à la suite d’un rêve fait lors d’un vol transatlantique jusqu’à New York. La chanteuse raconte « qu’un tsunami de millions et millions de gens touchés par la pauvreté » s’étirait jusqu’au-dessus de l’avion dans lequel elle se trouvait. Bien entendu la vague avala l’avion, frappa les côtes, et fit sombrer la Maison Blanche dans l’oubli. « C’est une chanson assez chaotique » dit-elle au sujet du premier single issu de Volta. « À proprement parler c’est un assemblage de toutes ces images » enfouies dans sa mémoire, collectées pendant son voyage et ce rêve aérien.
source : MTV.com – Mars 2007

Voir le site francophone de Björk et le témoignage de Michel Ocelot, dont le magazine Metropolis d’Arte dresse un portrait.

Chronique Culture du 27 avril 2012

1.

Le Retour d’Ataï, scénario Didier Daeninckx, dessins Emmanuel Reuzé.
Ataï, l’un des chefs de la rébellion de 1878 en Nouvelle-Calédonie. Sa tête devenue trophée pour musée. Sa restitution est annoncée depuis peu.

Dans la BD, un vieux kanak fait le voyage depuis sa tribu de Tendo dans la province Nord de la NC. Il vient à Paris pour enquêter sur la tête, dans les musées, les salles de ventes et dans les collections privées.
La narration est assez succincte, mais ce qui fait la force de la BD est son graphisme qui nous plonge dans une atmosphère mystérieuse, de non-dit, sur la marchandisation officielle des têtes ou sur la perversité de certains collectionneurs privés. Le trait d’Emmanuel Reuzé réussit à donner une gravité et une dignité aux têtes kanak.
2.

Le Secret de l’enfant fourmi, premier long métrage de Christine François, qui sort le 2 mai, film dont le principal intérêt est de lever un tabou sur l’assassinat des enfants-sorciers par toute une communauté, les Baribas du Nord-Bénin.

(c) Agat films et Cie

Dans le film, basé sur des faits réels, une jeune femme en mal d’amour débarque chez son ancien amant qui vit en Afrique, se perd dans la nuit de la brousse, se voit confier de force un enfant abandonné par une mère en plein désarroi.

Bande-annonce :

 

Reportage réalisé par Sabine Godard, (France 3 Amiens), tant sur l’objectif  de la réalisatrice-documentariste Christine François, que sur la musique (très originale) composée par Jean-François Hoël, l’un des musiciens du groupe picard Zic Zazou :

 

3.

En Afrique du Sud … au temps de l’apartheid avec The Suit, (Le costume), une pièce de théâtre du Sud-Africain Can Themba, adaptée, mis en scène et en musique par Peter Brook, Marie-Hélène Estienne et Franck Krawczyk.
C’est l’histoire d’un homme amoureux de sa femme qui rentre chez lui et la découvre avec son amant qui part en courant et laisse son costume dans la place.
La suite de The Suit raconte comment ce couple va vivre avec ce costume… entre comédie et tragédie…
C’est une pièce où tout fonctionne à merveille, y compris l’anglais sur-titré en français. La violence sociale ou conjugale est sublimée par les chants de la comédienne Nonhlanhla Kheswa dont voici un avant-goût :


Vous avez reconnu Feeling Good de Nina Simone. The Suit, ce n’est pas une comédie musicale mais du théâtre chanté avec trois musiciens sur scène et qui interprètent des rôles de figurants, où Miriam Makeba côtoie Franz Schubert.
The Suit se joue à Paris, au théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 5 mai.