Cuba, Trinidad, un Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-monde 2012

 

Après le Grand prix du livre insulaire, remporté en août à Ouessant, l’écrivaine cubaine Karla Súarez, résidant à Lisbonne, en résidence temporaire à Vincennes où elle anime des ateliers d’écriture en espagnol, a été récompensée le 14 décembre à Paris du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-monde 2012 pour son troisième roman, La Havane année zéro, traduit de l’espagnol (Todos mienten) par François Gaudry pour les éditions Métailié, alors que l’écrivain d’origine trinidadienne, vivant à Vancouver (Canada) David Chariandy reçoit une mention pour son premier roman Soucougnant que les éditions Zoé ont eu la bonne idée de publier en français faisant appel très justement à Christine Raguet, elle-même déjà récompensée pour sa traduction du Prix Baudelaire de la Société des gends de lettre. Bref, deux sacrés bons romans.

Anabell Guerrero et Michaël Ferrier, prix Édouard Glissant 2012

(c) Anabell Guerrero

Le 10e prix Édouard Glissant a été décerné conjointement à deux créateurs, la photographe vénézuélienne Anabell Guerrero et l’écrivain français, universitaire japonisant Michaël Ferrier, dont le dernier titre paru est Fukushima, récit d’un désastre (Gallimard). La Bourse Édouard Glissant a été attribuée à Hiroshi Matsui pour son projet de thèse de doctorat « Deux cartographies de la relation (Aimé Césaire, Kateb Yacine, Édouard Glissant)« .

Anabell Guerrero, « renouvelle le regard sur l’exil, les migrations, la vie à la frontière, l’entre-deux-mondes »et Michaël Ferrier, « élabore une pensée originale de la relation entre le Japon et l’Occident », a précisé le jury du Prix, organisé par l’université Paris 8, en partenariat avec l’Institut du Tout-Monde et avec le soutien de La Maison de l’Amérique Latine, et qui sera remis le 11 décembre 2012 à 14h30 à la Maison de l’Amérique Latine, à Paris.

Lire l’entretien d’Anabell Guerrero avec Christian Salmon, octobre 2006.

Visionner la conférence de Michaël Ferrier à l’Institut du Tout-monde, à l’occasion de la parution de son roman Sympathie pour le fantôme, le 29/10/10.

Et sur Papalagui, le 15/11/12.

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« Rescapé du camp 14 » de Blaine Herden, Grand Prix de la biographie politique 2012

Le Grand Prix de la biographie politique 2012 a été attribué à Blaine Harden pour
Rescapé du camp 14 (éditions Belfond). Il a été remis aujourd’hui au salon du livre du Touquet.
Le jury, présidé par Anne Méaux, présidente de la société de conseil en communication Image 7, a tenu à distinguer « un ouvrage fort et bouleversant qui plonge le lecteur dans un univers à l’extrême de l’inhumanité, inimaginable et pourtant contemporain : un trou noir dans notre vingt et unième siècle. »
Rescapé du camp 14 raconte, selon le résumé de l’éditeur : « la vie de Shin Dong-huyk, 26 ans, né dans un des redoutables camps de travail de Corée du Nord, seul auteur connu d’une incroyable évasion qui le conduira en Chine, puis aux États-Unis. Un témoignage unique et hallucinant sur le pays le plus secret du monde, et notamment sur ces camps ou sont enfermés à vie tous les opposants à la dynastie stalinienne. »
Signe de la qualité de la sélection finale, le jury (Marie-Louise Antoni, Patricia Barbizet, Arlette Chabot, François Ewald, André Glucksmann, Mathieu Laine, Anne Lauvergeon, Sébastien Le Fol, Catherine Nay, Patrick-Olivier Picourt et Alain-Gérard Slama) a prolongé d’une heure ses délibérations, pour choisir un lauréat parmi trois : les deux autres finalistes du Prix de la biographie politique étant Jean-Claude Berchet pour Chateaubriand (Gallimard) et Alain Foix pour Martin Luther King (Gallimard, Folio Biographies).

Mathieu Riboulet, prix Décembre 2012

Le prix Décembre a été attribué jeudi à Mathieu Riboulet pour Les œuvres de miséricorde (Verdier) par sept voix contre six à Christine Angot (Une semaine de vacances, Flammarion).

Dans Les œuvres de miséricorde, publié chez Verdier le 22 août, Mathieu Riboulet s’inspire des œuvres de miséricorde édictées par l’Eglise, allant à la rencontre des violences individuelles, sociales, sexuelles ou historiques, pour les lier à l’impératif de miséricorde qui fonde les culpabilités.

Résumé par l’éditeur :

« Donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, loger les pèlerins, visiter les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts : tels sont les impératifs moraux édictés par l’Église sous le nom d’œuvres de miséricorde, que le Caravage a illustrés dans un tableau conservé à Naples, et dont tous ceux nés en culture chrétienne sont imprégnés, même s’ils ne les connaissent pas. Ces injonctions morales sont ici mises à l’épreuve de l’expérience – réelle ou imaginaire.

«  Il m’a fallu comprendre comment le Corps Allemand, majuscules à l’appui, après être entré à trois reprises dans la vie française par effraction (1870, 1914, 1939), continue à façonner certains aspects de notre existence d’héritiers de cette histoire. Chemin faisant, j’ai tenté d’y voir un peu plus clair dans les violences que les hommes s’infligent – historiques, guerrières, sociales, individuelles, sexuelles, massivement subies mais de temps à autre, aussi, consenties –, dont l’art et la sexualité sont le reflet et parfois la splendide, indépassable, bienheureuse expression, et de les lier du fil de cet impératif de miséricorde qui fonde notre culpabilité pour être, de tout temps et en tous lieux, battu en brèche. » »

Le Goncourt 2012 à Jérôme Ferrari

Jérôme Ferrari a été récompensé du prix Goncourt pour son roman Le Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud). On est plus qu’heureux à se souvenir de cette belle rencontre, il y a deux ans, après son prix du roman France Télévisions pour Où j’ai laissé mon âme. Reportage à Ajaccio (le prochain sera à Abou Dhabi, forcément أبو ظبي) :

 

La presse en parle… Par exemple, Corse-Matin avec ce titre, de circonstance : Un prisidenti pà l’America, un Goncourt pà a Corsica.

Grand Prix du Roman Métis 2012 à Tierno Monénembo

Annoncé à Saint-Denis-de-La-Réunion, la troisième édition du Grand Prix du roman Métis récompense Tierno Monénembo pour Le terroriste noir (Seuil). Le jury est présidé par Mohammed Aïssaoui. Les deux précédents lauréats ont été Maryse Condé en 2010 et Lyonel Trouillot en 2011. Tierno Monénembo a été prix Renaudot en 2008 pour Le Roi de Kahel. Sa littérature explore une mémoire commune entre Guinée, son pays natal, où il vit, et la France.

Le mot de l’éditeur :

Tout commence en lisière de la forêt des Vosges, un jour de 1940, quand un père et son fils partis cueillir des champignons tombent par hasard sur un « pauvre nègre » endormi au pied des arbres. Conduit au village, ce jeune Guinéen adopté en France à l’âge de 13 ans, à la fois austère et charmeur, y fera sensation. Il saura enflammer les cœurs, s’attirer des protections. Mais ce n’est qu’un début : en 1942, il entre en contact avec la Résistance et crée un des premiers maquis de la région. Lancés sur ses traces, les Allemands l’appelleront « le terroriste noir ».

Qui a trahi Addi Bâ ? Une de ses nombreuses amantes ? Un collabo professionnel ? Ou tout simplement la rivalité opposant deux familles aux haines séculaires ? À travers cette figure fascinante, c’est tout un pan méconnu de notre histoire qui défile : ceux que l’on appelait les tirailleurs sénégalais. C’est aussi la vie quotidienne de la population des Vosges, évoquée par Tierno Monénembo avec une verve irrésistible… comme s’il s’agissait d’un village africain.

Voir le site d’Etienne Guillermond : Addi Bâ Mamadou, héros méconnu de la résistance.

Au Médicis 2012, Féerie générale, Rétrospective, Congo, quelle histoire !

Le prix Médicis 2012 a été attribué à Emmanuelle Pireyre pour Féerie générale (L’Olivier). Son éditeur présente son livre comme « mêlant humour et érudition pour aborder le rôle de l’argent, la démilitarisation de l’Europe, la question du voile, le bonheur écologique » et « faisant littérature avec une langue actuelle, écrite et orale, celle des forums internet ».

Présentation sur le site de l’Olivier :

« Une petite fille déteste la finance et préfère peindre des chevaux ; des artistes investissent les casernes ; un universitaire ne parvient pas à achever sa thèse sur l’héroïsme contemporain ; une jeune musulmane choisit pour devise: Une cascade de glace ne peut constituer un mur infranchissable … Ainsi sont les protagonistes de Féerie générale : récalcitrants à l’égard de ce qui menace leur liberté, prompts à se glisser dans les interstices du réel pour en révéler les absurdités.

A partir de quelques échantillons prélevés dans les médias, ce livre mêle humour et érudition pour aborder – entre autres – le rôle de l’argent, la démilitarisation de l’Europe, la question du voile, le bonheur écologique. Il « fait littérature » avec une langue actuelle, écrite et orale, et celle des forums internet : « J’ai souvent eu l’impression, en écrivant ce livre, d’emprunter des discours tout faits comme on louerait des voitures pour le plaisir de les rendre à l’autre bout du pays complètement cabossées », nous confie l’auteur.

Emmanuelle Pireyre poursuit ici sa réflexion sur l’époque, dans un pastiche éblouissant des discours – savants, publicitaires, sociologiques – dont elle détourne les clichés. Cet écrivain-corsaire aborde les lieux communs avec une jubilation communicative et propose une radiographie de la conscience européenne en ce début de 21e siècle. »

Elle a commencé à publier chez Maurice Nadeau, avec Congélations décongélations (2000).

Le Médicis du roman étranger va à Avraham B. Yehoshua, pour Rétrospective,

et le Médicis essai à David Van Reybrouck, pour Congo, une histoire.

présenté ainsi par son éditeur, Actes-Sud : « Le livre du Congo, un essai total écrit comme un roman. De la préhistoire aux premiers chasseurs d’esclaves, du voyage de Stanley missionné par Léopold II à la décolonisation, de l’arrivée de Mobutu puis de Kabila à l’implantation industrielle d’une importante communauté chinoise, ce livre retrace, analyse, conte et raconte 90 000 ans d’histoire : l’Histoire d’un immense pays africain au destin violenté. »