
C’est un cri d’alarme poussé au dernier Salon du livre de Villeurbanne, celui de Christian Bruel, éditeur jeunesse créatif et indépendant. On se reportera utilement à un groupe de soutien sur Facebook. Voici le texte d’un éditeur qui n’a plus d’argent pour faire des livres :
Le risque ou dormir.
C’était l’anagramme de mon ancienne maison d’édition
Le Sourire qui mord.
Invité à débattre sur le thème « Résister, à quel prix ? » lors de la journée professionnelle organisée le 7 mai 2010 par la Fête du Livre de Villeurbanne, j’ai d’emblée, à la demande de Gérard Picot qui venait de l’apprendre, an…noncé publiquement l’arrêt prochain des éditions Être.
Éditer depuis plus de trente-cinq ans, sans capital, des albums jeunesse singuliers plutôt exigeants a toujours relevé de l’aventure. Et sans le soutien attentif de nombre des partenaires de la chaîne du livre, les lois du marché auraient eu raison plus tôt de cet équilibrisme. En des temps qui ne sont faciles que pour quelques nantis, qu’un léger fléchissement de la vigilance professionnelle puisse nous être fatal a pourtant suscité l’émotion. J’ai été très touché, sur place et depuis, par les nombreux encouragements à tenir et par l’engagement de ceux qui ne pouvaient se résoudre à ce que la présence de nos livres dans le paysage éditorial aux côtés des lecteurs jeunes et moins jeunes, ne soit pas assurée.
Que faire ? Je ne peux que vous inciter, les uns et les autres, à vous précipiter dans vos librairies préférées pour vous procurer les albums d’Être éditions pendant qu’il en est encore temps. Si une vague d’achats ne garantit peut-être pas la poursuite de l’activité, elle assurera un destin à des livres qui considèrent les enfants comme des lecteurs à part entière méritant des points de vue non altérés sur le monde. Qu’ils puissent encore, ces albums, susciter de libres interprétations et la résistance à l’ordre des choses, je nous le souhaite. Et nous le devons aussi aux créateurs qui ont partagé le risque de ces aventures littéraires et humaines. « Comment vivre sans inconnu devant soi » écrit René Char. Je vous remercie de votre patience. Et je n’ai pas sommeil…
Christian Bruel,
10 mai 2010
contact@etre-editions.com
« La maison n’est pas fermée mais la publication des nouveautés est suspendue depuis janvier parce que je n’ai pas de quoi financer leur fabrication », a expliqué Christian Bruel à Livres-Hebdo, qui a cherché en vain un repreneur.