Recommandé : Ne lâche pas ma main (Michel Bussi)

C’est un polar genre course-poursuite à La Réunion, un guide touristique entre Saint-Gilles la balnéaire et l’Anse aux Cascades la sauvage, un poste d’observation des bigarrures insulaires, un carottage historique des temps du Dodo mythique à l’aménagement du territoire, une superbe expérience de lecture pour week-end de Pâques. Michel Bussi nous ficelle, nous lecteur oisif, tendre agneau pascal, dans une intrigue à la réalité augmentée qui se déroule exactement entre le vendredi 29 mars 2013 et le lundi 1er avril 2013.

États généraux du multilinguisme (Guyane, 14-18 décembre 2011)

par culture-gouv

Voir les douze vidéos.

Écouter sur RFI La danse des mots d’Yvan Amar, toutes qualités de langues : Ces langues qu’on parle outre-mer et Histoire et réalité du créole réunionnais.

Et les émissions Paris-sur-Mer, de Radio Ô (conception et entretiens Dominique Roederer) sur ces États généraux du multilinguisme.

Mémoire heureuse, héritages douloureux (un colloque à venir)

À signaler le colloque de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), « Mémoire heureuse, héritages douloureux : des lieux, des arts et des jeux », les 13 et 14 décembre 2011 à Paris, Musée du Quai Branly.

« À partir de situations de guerre, de désastre, de dépossession, d’enfermement (Australie, Haïti, Japon, île de la Réunion, Liban, Palestine, Rwanda…), nous examinerons différentes modalités de transmission de la mémoire collective : film, photo, littérature, peinture, théâtre, serious games en ligne. Nous verrons comment ces productions recréent les «lieux témoins » et peuvent faire émerger une mémoire heureuse. »
Ce colloque international de l’équipe « Anthropologie de la Perception » (LAS), dans le cadre du GDRI « Anthropologie et Histoire des Arts » et du Réseau TransOceanik, est organisé par Barbara Glowczewski et Aïda Kanafani-Zahar.
Au programme, notamment : Représenter et écrire la mémoire (Rwanda, Palestine, Liban), Dynamiques de re-création des lieux (Ile de La Réunion, Haïti), Art et jeux face aux désastres (Japon et cyberespace), Comment sortir de l’enfermement (Australie et France) ? Quels retours sur la mémoire et les « lieux témoins » ?

L’espoir tragique des écrivains de La Réunion (Jean-François Samlong)

Extrait d’un entretien de Jean-François Samlong par François Mauger dans Mondomix (17/03/11)

« Dans La crise de l’Outre-mer français (L’Harmattan, 2009), vous écrivez que les Réunionnais n’auront « pas de sitôt un Saint-John Perse, un Aimé Césaire, un Edouard Glissant, un Patrick Chamoiseau, une Simone Schwarz-Bart ou une Maryse Condé ». Pourquoi être si pessimiste ? L’île qui a vu naître Danyel Waro n’est-elle donc pas fertile ?

Jean-François Samlong : Ce n’est pas du pessimisme ni de la fatalité, mais un simple constat fondé sur la réalité d’une littérature réunionnaise qui ne se contente pas de stagner, mais régresse, en perte de vitesse, faute de bons textes. C’est tout. Je ne jette la pierre à personne. J’attire le regard sur un fait qui me préoccupe.
(…)
On consommera « l’année des Outre-mer français », et puis on passera à d’autres projets, nécessairement, ne serait-ce que pour oublier que la Réunion compte aujourd’hui 120 000 illettrés (sur 750 000 habitants), a un taux de chômage exorbitant (plus de 30% de la population active), et une jeunesse diplômée aux abois.

On comprend parfaitement que dans un contexte social si explosif, écrivains et autres intellectuels ont hâte de s’engouffrer aussi bien dans les salons du livre qui se tiennent aux quatre coins de la métropole que dans « l’année des Outre-mer français », ils en redemandent même, plutôt gourmands, car tout cela redonne un sens à leur vie et leur permet de continuer à espérer ; car il leur est impossible de se débarrasser de l’odeur persistante de leur identité, de l’ampleur de leurs spécificités locales et régionales, bref, de leur mal de vivre.

Alors, dans un mouvement désespéré, quelque part risible, oubliant ce qu’est le détachement et la méditation, ils veulent se fondre dans le grand Tout.

Histoire sans cesse réécrite des Outre-mer français qui ont besoin d’une année spécifique, d’un espace autre, d’un auditoire autre, d’un ailleurs autre, dans l’espoir de briller de tous leurs feux.

Cet espoir contient en lui quelque chose de tragique, comme s’il s’agissait de faire coulisser les espaces, de reconstituer le puzzle de sa vie loin de l’ancrage historique, de déplacer les problèmes, d’investir de nouveaux lieux pour de nouveaux lendemains, le lieu originel devenant de plus en plus hostile aux rêves de toute une jeunesse.

Oui, pourquoi pas ? Mais qu’on prenne bien conscience que ce grand écart n’est possible que si les peuples des Outre-mer français, en quête d’un éclairage venu du dehors, rejettent l’éclairage venu du dedans, follement amoureux de ce que Virginia Woolf appelle « le dédoublement dans les miroirs ». C’est ainsi que, par milliers, hommes et femmes de l’Outre-mer s’envolent vers ce grand pays qu’est la France, ce pays sans soleil, ce pays fascinant de la non-identité. »

Du racisme à la créolisation (André Robèr)

« Mon quartier ? C’est plus compliqué, mon village natal, la Plaine des Palmistes, un village de yab des hauts, de petits blancs racistes ayant subi de plein fouet le colonialisme et le postcolonialisme et tout ce qui en découle. Ce village m’obsède, j’en ai même fait un recueil intitulé, Isi toute domoune lé kréol, toute demoune larive par bato, on est tous fils d’immigrés. Je suis de là, mais j’ai avancé dans le processus de créolisation. Tout le monde ici est créole puisqu’on a vécu tous la même chose. »

Extrait de l’entretien d’André Robèr, peintre, sculpteur, poète et éditeur. Réalisation : Giscard Bouchotte au Port (Île de la Réunion), le 2 octobre 2009, et mis en ligne en vidéo et en retranscription sur le site Ile en île.

A Blois, le prix du roman historique à Furcy

http://culturebox.france3.fr/player.swf?video=29095Découvrez Mohammed Aïssaoui prix du roman historique pour « L’affaire de l’esclave Furcy » sur Culturebox !

(avec les témoignages de deux membres du jury, l’historienne Simone Bertière et l’écrivaine Iraine Frain.)

Lire un dossier plus complet sur Papalagui, Furcy force le respect ;

et le blog d’Alain Mabanckou, Black Bazar ;

et l’interview de Lohammed Aïssaoui au blog Fauteuil Club Sandwich ;

ou encore par Johary Ravaloson alias Arius, d’Arius et Mary Batiskaf (A+MB), Liberté plastiK, installation-performance, mise en scène du Procès Furcy, Musée Léon Dierx, Musée historique de Villèle, Musée Stella Matutina, La Réunion, 1998-1999.

Avignon, Angéline et Angélica (lé gayar !)

Avignon, entrée de la salle B de l’Espace Alya, où va se jouer Angéline et Angélica,  » une petite comédie cruelle », en français et en créole. La compagnie ThéâtreEnfance, venue de Saint-Paul (La Réunion) distribue un  » Petit lexique de créole réunionnais  » :

la kaz la maison

fénoir la nuit

GSM téléphone portable

in kalot (kalote) une claque

domoun (domoune) les gens

lo ki le derrière

zamal cannabis

krankréla cafard

babouk araignée

gazé fou, folle

moin moi

toué toi

kosa (kossa) qu’est-ce que, à quoi

koué quoi

akoz pourquoi

ganié / ginyé (guin-yé) recevoir, avoir

lé mol c’est nul

lé gayar c’est super

Point d’orgue, revue créole de l’océan Indien

 

Une nouvelle revue, c’est toujours une bonne nouvelle ! Point d’orgue, revue créole de l’océan Indien, de 94 pages, est lancée par l’équipe de Maloya.org.

Profitez-en… Elle est bi-annuelle et le premier numéro porte la date d’avril 2009.

Ce numéro 1 s’intitule  » Far-far « , du nom du grenier-pays qui sert à entreposer les denrées. Un titre en forme de profession de foi qui marque la  » vocation à archiver la mémoire de Maloya.org : tribunes, expositions, portraits d’artistes, etc. « 

Au sommaire : des textes de Monique Agénor, Jean-Louis Robert, le discours de Stockholm de Jean Marie G. Le Clézio.

Littérature au risque du métier… de l’enseignant

Nous évoquions ici la suspension, le 26 septembre, d’un professeur de lettres d’un lycée de la Réunion au motif qu’il avait donné à lire une nouvelle de Jean-Luc Raharimanana, Le canapé, extraite de Rêves sous le linceuil (Le Serpent à plumes). Un texte jugé par un porte-parole du rectorat de  » tendancieux, polémique et provocateur « .

L’auteur a réagi dans une interview au Quotidien de la Réunion, publiée le 8 octobre.

Extrait :

 » Des élèves de seconde, âgés en moyenne de quinze ans, sont-ils assez armés pour comprendre le message contenu par ce texte ?

L’école forme des enfants à comprendre le contenu des textes. L’âge ne signifie rien en soi. Il y a des enfants qui comprennent plus tôt que d’autres. Et je ne pense pas qu’ils soient aveugles, ces enfants à qui ce professeur a donné ce texte, ils savent que le Rwanda a existé, que la Shoah a eu lieu, il y a l’Irak, il y a l’Afghanistan, la Palestine… ils savent que le monde des adultes est scandaleux, que des crimes se perpétuent dans le monde et que beaucoup d’adultes ferment les yeux. La censure est une initiation pour être un homme sociable parfait et respectable. À quinze ans, je pense qu’on peut comprendre ce texte. Quel adolescent n’a pas eu ses lectures interdites ? J’ai lu J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian à treize ans. Le drame, c’est qu’on a vidé d’idées la tête de nos enfants. Leur donnons-nous assez de lectures, assez de livres ? Et ces parents qui se scandalisent pour tel ou tel livre, ne pouvaient-ils pas en profiter pour aborder le sujet avec leurs enfants ? Partager un peu de la lecture du monde, de la vie, avec leurs progénitures. Ont-ils assez lu ? Ouvrent-ils assez les yeux ? « 

 

Par ailleurs, le site remue.net publie ce 11 octobre –  » contre tout esprit de censure  » – l’intégralité de la nouvelle Le canapé, ainsi qu’une analyse de cette affaire. Texte signé par Chantal Hibou Anglade, Dominique Dussidour, Jean-Marie Barnaud, Patrick Chatelier, Eric Pessan, Laurent Grisel.

Extrait :

 » Il n’appartient pas à remue.net de déterminer si le professeur de français aujourd’hui suspendu dans l’académie de La Réunion pour avoir décidé de faire travailler ses élèves sur la nouvelle « Le canapé » de Jean-Luc Raharimanana a suffisamment accompagné ses élèves dans cette lecture qui les confronte à la violence indéniable du monde (…).

Étudier « Le canapé » était risqué. Nous savons qu’enseigner la littérature comporte des risques, puisqu’il s’agit toujours de conduire les élèves vers une parole vivante, qu’il s’agisse de littérature dite classique ou de la littérature contemporaine dont nous pensons qu’elle doit avoir toute sa place dans les programmes et les pratiques pédagogiques.

Ainsi, le professeur de français qui propose l’étude d’un texte, s’il décide de ne pas l’expurger (on peut très bien expurger Flaubert, il suffit de s’en tenir aux « morceaux choisis »), affronte les risques de l’interprétation et ceux, aussi, de l’incompréhension, du contresens. Quel texte et quel professeur sont en mesure de se préserver de l’échec que constitue une totale absence de réception littéraire ? «