
Selon Livres-Hebdo du 15/09/09 : » En marge de l’agitation médiatique que déchaînent Frédéric Beigbeder ou Amélie Nothomb, poids lourds annoncés qui tiennent respectivement les 8e et 4e rang du Top 20 Ipsos/Livres Hebdo, la discrète Marie NDiaye réussit pourtant à s’imposer de façon durable parmi les meilleures ventes de livres de la rentrée.Unanimement salué par la critique, notamment dans la presse écrite, le dixième roman de l’auteure française dont on parle le plus en cette rentrée littéraire, Trois femmes puissantes (Gallimard), paru le 20 août, rejoint cette semaine à la 15e place le Top 20, toutes catégories de livres confondues. Il se hisse à la 5e place du classement des meilleures ventes de romans.Initialement tiré à 15 000 exemplaires, ce recueil de trois histoires de femmes entre la France et le Sénégal atteint aujourd’hui un tirage total de 86 000 exemplaires après cinq réimpressions. « Par ailleurs, on peut lire sur le site des Inrockuptibles du 30/08/09 la critique et l’entretien réalisés par Nelly Kaprielian de » l’écrivain Marie Ndiaye aux prises avec le monde » (son roman est dans la première sélection du Goncourt 2009 depuis aujourd’hui), présentés ainsi :Dans Trois femmes puissantes, Marie NDiaye raconte des vies déchirées entre l’Afrique et la France. Une interrogation sur la condition humaine la plus contemporaine : les migrations et les questions d’appartenance. Le livre le plus dérangeant et obsédant de cette rentrée. Decryptage et interview.Sur la construction de son roman, sur ces thèmes de prédiclection, sur ses choix de personnages (où puisez-vous la monstruosité de vos livres ?), sur la France de Sarkozy, sur la Condition noire (livre de son frère Pap Ndiaye, qu’elle avait magnifiquement préfacé par une nouvelle), sur son identité (Afrique ? France ? Berlin ?), lire l’interview.Citons la fin :Marie Ndiaye : En Angleterre ou aux Etats-Unis, beaucoup d’écrivains sont issus d’origines ethniques différentes comme Zadie Smith, Monica Ali, Hari Kunzru, etc.Nelly Kaprielian : En France, nous n’avons pas ce type d’écrivains. Comment l’expliquez-vous ?Marie Ndiaye : En général, les écrivains sont des gens qui ont fait des études, savent manier la langue et peut-être que ça n’est pas encore le cas pour nos minorités, qui se sentent peut-être exclues d’un certain savoir. Lorsqu’on voit d’où viennent les écrivains en France, pour une grande majorité d’entre eux, ils viennent de milieux bourgeois et/ou intellectuels, alors qu’aux Etats-Unis, par exemple, c’est moins le cas, Russell Banks ou Joyce Carol Oates n’ont pas été élevés au milieu de livres. Les parents d’Oates étaient fermiers, le père de Banks était plombier. Bref, il semblerait que les écrivains français viennent tous d’une bourgeoisie éclairée, cultivée, qui est un milieu assez restreint. Ce n’est pas complètement mon milieu : ma mère était prof de sciences naturelles dans un collège, ma famille n’était pas un lieu de livres. Jusqu’à l’âge de 13 ans, j’ai vécu à Fresnes et ensuite ma mère a déménagé à Bourg-la-Reine. C’était une banlieue très modeste, je vivais dans une barre HLM et les HLM dans les années 70 c’était autre chose qu’aujourd’hui. C’était plutôt pas mal, on a eu une enfance dans la rue, d’une liberté totale, sans crainte, ce que les enfants d’aujourd’hui n’ont pas. Quant à mon père, je crois que c’est un homme qui n’a jamais lu un roman de sa vie. Il a fait des études mais il venait d’un milieu misérable au Sénégal. Ma mère lit mes livres. Mon père, je n’en ai aucune idée. J’ai arrêté mes études très jeune pour écrire. Parfois, en interviews, je sens que je n’ai pas les outils pour parler de littérature, n’ayant pas fait Normale sup ou de longues études. Alors je réponds le plus simplement possible. Critique et entretien à rapprocher (sur ce point de l’origine des écrivains de France), des archives de l’INA. L’Institut national de l’audivisuel révèle une sélection de « Mots d’écrivains », classés par auteurs ou par thèmes. Malgré la richesse de ce patrimoine, ô combien délicieux, on ne peut pas s’empêcher de penser aux propos de Marie Ndiaye sur le milieu d’origine des écrivains. Dans la sélection de l’INA, il faut bien chercher pour trouver un Kateb Yacine, un Aimé Césaire, un Amadou Hampatê Bâ, et 19 secondes de Borgès…Alors continuons de fouiller, comme Marie Ndiaye affouille de son style puissant des vies ignorées qui tentent un passage improbable Nord / Sud.












