Le blog de La Quinzaine littéraire, afin de rendre hommage à Édouard Glissant, met en ligne ses archives concernant son oeuvre littéraire et poétique.
« Il était à l’origine d’une réflexion majeure sur l’antillanité et la créolisation des cultures, il a notamment participé à la revue Les Lettres Nouvelles avec Maurice Nadeau. »
Extrait d’un article de Tiphaine Samoyault « La Poétique en archipel » , La Quinzaine Littéraire, à propos du « Traité du tout-monde – Poétique. IV. », Revue n°726 parue le 01-11-1997.
« Edouard Glissant a constitué le chaos en poétique: ni à organiser ni à inventer, il n’est pas non plus à déplorer mais à respecter. Le chaos, c’est la multiplicité dont l’unicité ne nous est pas donnée. Si nous voulons concevoir cette multiplicité sous les auspices d’une unité, il nous faut entrer dans la prolifération et ne pas réduire le monde à une parole. Car malgré tout, des invariants se dégagent de ce monde et la poétique du chaos-monde devient une poétique de la Relation. Ainsi voit-on les personnages en quête de traces et de passages qui donnent sens à leur si longue pérégrination.
En voyage dans cette parole vers le tout, les voix retrouvent toujours le pays natal, la Caraïbe, peut-être le dernier lieu où une totalité « archipélique » puisse s’entrevoir: celle de tous les paysages de son pays entre eux. « Il n’en était pas de même pour les paysages du monde. Vous deviez les approcher sans l’idée de leur relation interne, qui est à venir, ni de leur totalité, qui est à rêver » (Tout-monde).
Le pays natal, c’est aussi cette terre familière d’autres porte-voix du divers, les poètes du verset (avec cette belle analyse de Du mouvement et de l’immobilité de Douve), Michel Leiris, Aimé Césaire, Maurice Roche, Gaston Miron, tous ceux qui disent le monde, tous ceux qui disent, littéralement. La pensée de l’archipel relaie celle, « sommée », de l’universel. La voix, dans ce pays, se fait elle-même archipélique. »