Exhibitions et exotismes dans la chronique Culture n°11, 2/12/11

Livres et événements culturels cités dans la chronique hebdomadaire du vendredi 2 décembre 2001 sur France Ô :

De l’exotisme pathologique :

1. Exposition Exhibitions, l’invention du sauvage. Jusqu’au 3 juin 2012 au musée du quai Branly, Paris. Et le livre-catalogue : Exhibitions, l’invention du sauvage, Actes Sud

2. Kannibals et vahinés, Imagerie des mers du Sud, collectif, Réunion des Musées nationaux

De l’exotisme stylisé, érotisé :

Goudemalion, Musée des Arts Décoratifs à Paris, du 9 novembre 2011 au 25 mars 2012 et le livre-catalogue, Jean-Paul Goude une rétrospective, éd. La Martinière

Du leporello ou livre-accordéon :

Clotilde Perrin, Au même instant, sur la Terre..., Rue du monde,

De l’exotisme médiéval et orientaliste :

Laurent Voulzy, Lys and Love, Sony, Columbia.

L’exotisme détourné en imagerie de livre jeunesse avec ce livre de Marie Desplechin, Emmanuelle Houdart, Saltimbanques, Thierry Magnier

Peut-on dire que l’exotisme, c’est fini ?

Chronique culture du 25 novembre (Louis Otvas)

Les trois coups de cœur de Louis Otvas, auteur cette semaine de la chronique culture hebdomadaire de France Ô :

1. Donoma. Un film bluffant, déroutant, réalisé par un jeune Haïtien, Djinn Carrenard dont c’est le premier long métrage. Autodidacte, franc-tireur, Carrénard a bouclé son projet avec seulement 150 euros. Un choix plus qu’une nécessité. Il voulait démontrer qu’il est possible de faire du cinéma hors du système. C’est réussi. Avec beaucoup de maturité, Donoma entremêle trois histoires de couples. Les acteurs sont saisissants. C’est à l’affiche depuis mercredi

2. Le secret de l’oranger, album jeunesse, éditions Baobab (Mayotte). C’est l’histoire  d’un jeune cultivateur, à Mayotte, qui désespère de trouver une femme.  Son salut viendra du sage du village qui lui offre un talisman, perché dans un oranger. En parlant d’amour et du rapport à l’autre, ce livre constitue une porte d’entrée dans l’univers des contes mahorais. Si l’histoire est racontée en français, on y retrouve quelques mots locaux. Un glossaire en fin de livre permettra de vous initier à cette  langue. A retrouver au salon du livre jeunesse qui ouvre ses portes mercredi à Montreuil.

3. Baylavwa. Prenez une ambiance jazzy avec les standards de la Caraïbe et vous obtenez Baylavwa, un groupe de cinq chanteurs, accompagnés simplement d’une contrebasse. De Chabine à la Guadeloupéenne en passant par Day O de Harry Belafonte, ce groupe revisite le patrimoine musical de leur région  avec beaucoup de personnalité. C’est original et très abouti, c’est la démonstration que le jazz et les rythmes caribéens se marient  harmonieusement.

En Noir et Blanc et en couleurs (chronique Culture n° 8 du 18 novembre 2011)

Dans la chronique Culture n°8 (France Ô, 19/11/11, 18h30) :

1. le livre Aveugles de Sophie Calle (Actes Sud) ; 2. le documentaire The Black Power Mixtape de Göran Olsson ; 3. le festival Africolor.

1. Sophie Calle est l’auteur d’un livre sur la « vision » qu’ont les aveugles de la beauté ou de la couleur, intitulé simplement Aveugles, publié par Actes Sud.

Dans ce livre, des aveugles « regardent » le lecteur dans le vertige de l’absence, souvent photographiés de face, accompagnés d’une photo qui représente ce qu’ils évoquent.

Bachir Kerroumi, qui l’a aidée pour une partie de ses rencontres, est photographié ici debout, en profil, face à une toile monochrome. Un texte accompagne cette situation, un très beau texte où la « vision » se développe en beauté :

(c) Sophie Calle

« Au début, je voyais beaucoup de rouge, de marron, raconte-t-il au Journal du dimanche. Après, j’ai eu une période bleue. Maintenant, cela tend vers le gris (…) Je lui ai décrit ce que je ‘voyais’. Ce n’est pas monochrome. Mon oeil gauche ‘voit’ du marron, un peu de gris. C’est scintillant, lumineux, avec un fond rose. L’oeil droit ‘voit’ toujours du noir, du gris. Cela change tout le temps… comme une couleur vivante. »

Ce livre est terriblement humain, tendu par l’obsédante question de Sophie Calle (« Quelles couleurs voyez-vous ? », « Quelle est votre image de la beauté ? »). Aveugles s’inscrit dans les thèmes qui lui importent, au premier titre ici, le manque, inséparable de la beauté, de son idée, dans cette magnifique démarche entre l’art et son usage :

« Le travail de Sophie Calle cherche à créer des passerelles entre l’art et la vie. Sous la forme d’installations, de photographies, de récits, de vidéos et de films, l’artiste construit des situations associant, selon la formule de Christine Macel, « une image et une narration, autour d’un jeu ou d’un rituel autobiographique, qui tente de conjurer l’angoisse de l’absence, tout en créant une relation à l’autre contrôlée par l’artiste. » (blog de Salomé Wael)

Aveugles, de Sophie Calle, est un livre bilingue, en clair et en braille (éditions Actes Sud).

Bachir Kerroumi est l’auteur du roman, Le Voile rouge (Gallimard, 2009). Voir Papalagui, 13/09/09 : « Admiration aveugle ».

2. The Black Power Mixtape de Göran Olsson est une compilation des reportages de journalistes suédois sur l’évolution du mouvement Black Power de 1967 à 1975. Le noir est celui de la cause d’une communauté, dont les composantes s’expriment dans des registres différents, de la non-violence de Stokely Carmichael, l’un des co-auteurs avec Charles V. Hamilton du livre Black Power (1967) jusqu’au révolutionnaire Black Panther Party (1966), en passant par le Mouvement des Droits civiques.

On retiendra quelques pépites de témoignages dans un ensemble décousu, dont un très bel entretien avec Angela Davis en prison et le rapport à la violence des Black Panthers, la comparaison par Martin Luther King du militarisme au Viet-nam et du racisme et ce libraire

« Je leur ai dit qu’être noir c’est quelque chose de beau, mais que ce n’est pas un pouvoir. Le pouvoir c’est le savoir. » clame Lewis Michaux, alias « The Professor », libraire dans l’épicentre de la littérature noire américaine, que l’on voit en début de bande-annonce du film :

 

3. Le festival Africolor, 23 édition, est à un tournant, avant le passage de témoin de son directeur-fondateur Philippe Conrath (Le Monde) :

« Lors de sa création, le but d’Africolor était de rapprocher les publics communautaires de l’ensemble du public de l’Ile-de-France, d’amener et de faire découvrir des artistes du continent africain, de l’océan Indien et des Caraïbes. Maintenant, « c’est aussi passer le témoin à des musiciens d’ici, qui ont de plus en plus envie de construire des ponts avec les musiciens de « là-bas » et de créer de nouveaux répertoires avec des artistes africains, car ils vont ainsi s’emparer, eux aussi, de cette question. »

Symbole aussi de cette nouvelle orientation, l’affiche du 3 décembre 2011, où joueront ensemble le Jacky Molard Quartet et le Founé Diarra Trio, associant la Bretagne et Bamako. C’est un label Innacor, expression qui en langue gallo de Bretagne signifie « Y’en a encore ! » :

par innacorrecords

Photos à la Une (texte de la chronique Culture n°7 du 11/11/11)

En ce 11 novembre, notre regard s’arrête sur des photographies historiques.
1. Photo record à la Une : 4,3 millions de dollars. La plus chère du monde en ce mois de novembre 2011 est une photo des rives du Rhin par Andreas Gursky, connu pour ces photos grandioses, répétitives, vertigineuses où l’homme est minuscule devant un monde globalisé. Lors de la vente aux enchères du 8 novembre 2011, Christie’s à New York a battu le record mondial avec la photo Rhein II (1999) avec 4 338 500 dollars, soit 3,1 millions d’euros (actualités).
Voir le palmarès des dix photos les plus chères au monde, sur evous.fr, la galerie qui le représente, la Galerie Matthew Marks, la fiche Gursky du Centre Pompidou, un article détaillé du blog Phototrend, le point de vue de Henri Peyre Andreas Girsky ou la photographie du grandiose, les conseils de Télérama pour devenir collectionneur.
2. Photo symbole à la Une : la couverture du livre La France noire (La Découverte), créditée Getty images, première agence mondiale de la vente de photos, selon Le Monde.
C’est une photo parmi une série de cinq titrées « Jeune femme portant coiffe », sans nom de photographe, ce qui a autorisé le recadrage et le traitement sépia du document, dont l’original est plus grand, comme on peut le constater sur le site en accès libre de Getty images, dans la catégorie « glamour ».
Parmi d’autres utilisations de cette photo, une version d’un « rire à gorge déployée » est proposée pour l’affiche du First Friday du New Jersey, une rencontre d’échanges dans le réseau communautaire noir américain.
Probablement un mannequin inconnu par un photographe inconnu. La 4e de couverture représente un soldat des Troupes de marine (voir le feuilleté) ce qui, le jour du 11 novembre rappellera le Soldat inconnu, voire la Soldate de la beauté noire…
3. Photo Paris à la Une, avec l’un des rassemblements les plus importants de l’année, qui draine une multitude de galeries et de photographes, avec l’Afrique côté cœur, l’Amérique et les pays du Nord côté argent. Sotheby’s qui a mis en vente à 43 950 € ce vendredi à Paris une photo d’Irving Penn, Femme scarifiée du Dahomey, 1967, Fondation Irving Penn.
Dans une autre vente aux enchères à Paris, le 12 novembre, Women in Moroccan Palace, une autre photo d’Irving Penn, a été adjugée 361 000 euros.
Paris Photo est accompagné de différentes manifestations Off et de ventes aux enchères où la suprématie nord-américaine occupe les esprits. Parmi ces salons Off, la première édition de Fotofever avec ses 40 galeries invitées.
4. Photos de film à la Une : L’Ordre et la Morale, de Mathieu Kassovitz, au cinéma le 16 novembre (voir la bande-annonce). L’affiche actuelle (Mathieu Kassovitz dans le rôle de Philippe Legorjus) est quelquefois associée à une affiche qui représente Alphonse Dianou, interprété par Iabe Lapacas, debout attendant un hélicoptère de l’armée.
Mais la première affiche qui était présentée en début de tournage (Cinéma Teaser, 3/09/10) était plus complexe, moins épurée, de face et non de profil ou de dos. Les deux drapeaux, français et indépendantiste, encadrent les deux héros, de face. Elle a été écartée, la symbolique des deux drapeaux, hier et aujourd’hui, n’étant plus la même, puisqu’ils coexistent aux frontons des mairies calédoniennes. L’affiche actuelle privilégie une symbolique où seul domine l’accablement d’un héros survivant.

La chronique Culture n°7 du 4 novembre 2011

Référence des événements culturels cités dans la chronique Culture sur France Ô au JT du soir :

Exposition : Le Louvre accueille Jean-Marie G. Le Clézio, Les musées sont des mondes.

Livre : Jean-Marie G. Le Clézio, Histoire du pied et autres fantaisies (Gallimard) ;

Musique : Tanya Saint-Val, 25 ans de carrière avec la sortie d’un triple album Tanyamania (dix titres ré-enregistrés (CD 1 ), dix titres re-masterisés (CD 2 ) et dix chansons inédites (CD 3).

 

Goncourt 2011 : le Jenni de L’Ordre et la Morale

L’Art français de la guerre est un gros roman écrit en cinq ans par un « écrivain du dimanche » [belle modestie !] qui a envoyé son manuscrit par la poste aux éditions Gallimard. Son blog de dessinateur nous parle de ses « Voyages pas très loin ».

Son livre est pourtant très ambitieux et très documenté, déployant la vie d’un ancien combattant et de ses guerres coloniales qu’il raconte à un homme jeune à l’avenir incertain. Comment transmettre ce passé qui ne passe pas ? Comment décoder ce qui se passe dans une banlieue de Lyon, alors que « l’émeute s’annonce », que des militants extrémistes nostalgiques de la guerre et de la force profitent de la misère sociale ?

L’Art français de la guerre décrit le génie français au sens ironique de la « guerre à la française ». Un art de la manipulation selon Jenni, une manipulation de la langue française aussi, celle qui classe les gens malgré eux, en conformes et non-conformes. Une aliénation qui parle de nous aujourd’hui, de notre destin commun après les guerres coloniales, en Indochine, en Algérie… voire dans les banlieues.

À lire avec profit le travail de Fluctuat.net, pour un bel entretien et un visionnage par Alexis Jenni du film L’Ordre et la Morale [signalé par Alexandre Le Quéré]. Le lauréat du Goncourt affirme [décidément modeste] : « On m’a souvent demandé ce qu’était L’Art français de la guerre, et je ne sais pas bien répondre. J’ai tourné autour pendant 600 pages et je ne sais pas le dire en quelques mots. Mais maintenant, je sais ce que je vais dire : « L’Art français de la guerre ? Regardez L’Ordre et la Morale, regardez le film de Mathieu Kassovitz. Tout est là, tout est montré ; c’est exactement ça, l’art français de la guerre, cette façon grandiose et absurde d’aller au massacre. J’en parle, il le montre ; regardez. »

La Chronique culture n°5 du 21 octobre 2011

La chronique n°5 (France Ô, InfoSoir, 18h30, 21/10/11) évoque trois événements culturels 1. La FIAC avec Beaux-Arts magazine et trois œuvres dont les prix sont respectivement 5 millions d’euros (Basquiat, galerie Tornabuoni), 22 000 euros (Kantor, galerie Mogazzino) et 0,75 euro (Jarrar, galerie Polaris) :

 

Pour voir le timbre de Khaked Jarrar exposé, visionner le reportage de Marie Berrurier :
Découvrez FIAC 2001 : le marché de l’art de connait pas la crise ! sur Culturebox !

2. L’essai de Jean-Pierre Filiu, La Révolution arabe, Dix leçons sur le soulèvement démocratique (Fayard). Une analyse historique, politique, documentée et fine de « l’intifada démocratique ».

 

3. L’ouverture d’une nouvelle librairie au Quartier latin, 15 rue Victore-Cousin, Paris Ve, la librairie Orphie (outre-mer, francophonie, voyage, tourisme, jeunesse, sciences-humaines). Site des éditions Orphie. Première rencontre littéraire avec Matthieu Renault, auteur de Frantz Fanon, De l’anticolonialisme à la critique postcoloniale (éditions Amsterdam), le 8 novembre 2011, 18h.

L’article de Livres-hebdo, 12/10/11 :