في العين الغير صبورة
بدوي في رحلة طويلة
السماوات والازمنة الماضية
Dans l’œil impatient
du nomade au long cours
ciels et temps passés
في العين الغير صبورة
بدوي في رحلة طويلة
السماوات والازمنة الماضية
Dans l’œil impatient
du nomade au long cours
ciels et temps passés
En el desierto
Acontece la aurora
Alguién lo sabe
Jorge Luis Borges (1889-1986)
Dans le désert
advient l’aurore
quelqu’un le sait
Trad. Muriel Détrie et Florence Olivier
月光に一つの椅子を置きかふる
gekkō ni hitotsu no isu o oki kafuru
Au clair de lune
je tourne
une chaise
Takako Hashimoto (1899-1963)
橋本 多佳子
Haïjins japonaises, Anthologie, Traduction, choix et préface par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku, édition bilingue japonais français, La Table ronde 2008, Points, 2010, p. 67
Le poète est mort
Rien n’est Vrai tout est vivant
Sa parole demeure
Edouard Glissant est mort à Paris le 3 février 2011.
Le poète, philosophe et romancier du Tout-Monde, de la Relation et de la créolisation avait intitulé l’une de ses dernières conférences, en 2010, « Rien n’est Vrai, tout est vivant », avec un V majuscule à Vrai, soulignant ainsi l’absolu du concept, mais la relativité du vivant.
« Rien n’est Vrai, tout est vivant ». La formule est belle comme un poème, obscure comme une question philosophique nouvelle ou en gestation, encore inexprimée.
« Je suis tout à fait d’accord que c’est à peu près incompréhensible, disait Glissant, mais c’est à première vue seulement. Il y a là de quoi non seulement constituer l’épine dorsale d’un poème, mais aussi la réflexion d’une philosophie. »
Onze après la mort du penseur martiniquais, le « vivant » n’a jamais été autant en question. Réchauffement climatique, biodiversité en danger, planète malade… l’urgence s’est imposée. Lire en particulier l’essai de Séverine Kodjo-Grandvaux, Devenir vivants, Philippe Rey, 2021.
Glissant notait ce distinguo : « Le vivant est toujours créole, il rejoint sa diversité. Le Vrai hésite au bord des fleuves et des mers, dehors la ligne de ce qui naît. Nous avons tant eu besoin du Vrai quand nous ne savions ni ce qu’est une frontière ni ce que font deux saveurs. »
Dans cette conférence – quelquefois absconse – et les propos qui ont suivi – plus éclairants -, soulignons quelques questions clés.
« Y-a-t-il un Vrai comme absolu que nous devons accepter ? Y-a-t-il un Vrai comme absolu qui nous trompe ? Ces questions qui se posent à propos du « Vrai » majuscule ne se posent pas à propos du vrai (petit v) qui concerne les choses concrètes quotidiennes. »
et plus loin :
« Nous n’avons pas d’angoisse de la connaissance du vivant sauf lorsqu’il s’agit de notre propre corps et que nous nous posons des questions. Mais nous avons une angoisse de la connaissance du Vrai en tant qu’absolu. Car nous nous demandons si ce vrai entant qu’absolu ne nous dirige pas sans que nous le sachions. »
enfin :
« Ma position est que l’Absolu du Vrai est menaçant parce qu’il ne conçoit pas le mélange et que l’absolu du vivant est fantastique parce qu’il ne se conçoit pas sans mélange. »
Intégralité de la conférence « Rien n’est Vrai tout est vivant » et des discussions ici :
Ce dialogue instauré par le poète philosophe entre Vrai et vivant, entre un concept et une notion philosophiques, est traversé par d’autres concepts que l’on trouve développés dans La philosophie de la Relation (mot majuscule), « poésie en étendue », Gallimard, 2009 : pensées archipélique, de l’essai, du tremblement, des frontières, de l’errance, des créolisations, de l’imprévisible, de l’opacité du monde, de la trace…
Ce vain passe-temps
les vers, furent mon venin
et ma guérison.
Michelle Grangaud (1941-2022), Poèmes fondus, P.O.L, 1997
Du vaste univers
les planètes sont malades
Que la rosée demeure
Takaha Shugyō (1930-) 鷹羽狩行
cité par Alain Kervern, Haïkus et changement climatique, « Le regard des poètes japonais », Georama, 2019, p. 27
Un jet d’eau
rencontre un arc-en-ciel
baiser cosmique
النافورة
تلتقي بقوس قزح
قبلة كونية
Una fuente
se encuentra con un arcoiris
beso cósmico
Lune d’argent
sur mes cheveux blancs
nuit d’hiver
Maurice Blanchot
初冬や訪はんとおもふ人来り
(hatsufuyu ya hō han to omo fu hito kiri)
初
冬
や
訪
は
ん
と
お
も
ふ
人
来
り
début de l’hiver
celui à qui j’allais rendre visite
vient d’arriver
Buson (1716-1784) in À la recherche de l’instant perdu, Anthologie du haïku, CHENG Wing fun et Hervé COLLET, Moudarren, 2014, p. 277
#18decembre
Journée mondiale de la langue arabe
اليوم العالمي للغة العربية
Nuit de lune froide
rêves ouatés sous la couette
chambard d’étoiles
ليلة البدر البارد
أحلام ضبابية تحت اللحاف
انفجار من النجوم
« Le thème de la Journée mondiale de la langue arabe de cette année, « La langue arabe, un pont entre les civilisations », est un appel à réaffirmer le rôle clé de la langue arabe dans le rapprochement des peuples à travers la culture, la science, la littérature et bien plus encore. » (UNESCO)