À quelques jours d’une Rencontre internationale d’art contemporain, organisée aux Ateliers Sahm de Brazzaville et avant de s’embarquer le 4 septembre, donc dans 19 jours, la Tunisie se rappelle à nous… Aujourd’hui la subversion prend pour nom Sana Tamzini.
Dans le pays qui a lancé le Printemps arabe, la Tunisie, le Printemps des Arts avait déclenché une polémique violente en juin 2012. Dans la ville chic de La Marsa, station balnéaire réputée, située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, « parmi les œuvres qui ont suscité la colère des islamistes se trouvaient une toile où le nom de Dieu était écrit avec des fourmis et la représentation d’une femme nue dans un plat de couscous » écrivait Alice Fordham, correspondante au Maghreb du journal émirati The National, article traduit en français par Courrier international.
Parmi les artistes dans le collimateur des bien-pensants, Sana Tamzini, qui avec d’autres artistes a été la cible sur les réseaux sociaux qui ont diffusé des appels à tuer quiconque était associé de près ou de loin à cette manifestation, du 1er au 10 juin 2012 au palais Abdellia. (un blog du site slate.fr reproduit certaines de ces œuvres.)
Or Sana Tamzini, directrice du Centre National d’Art Vivant de Tunis a été démise de ses fonctions et réintégrée à l’Université de la Manouba. Décision non motivée d’après son comité de soutien autre que par des raisons politiques.
Pour Emmanuelle Houerbi (site Kapitalis), « Le limogeage de Sana Tamzini, directrice du Centre national d’art vivant (CNAV) au Belvédère à Tunis, est l’illustration parfaite de l’autisme d’un gouvernement et de son profond mépris de la culture et de ses acteurs. Cette décision, jugée scandaleuse, a consterné tous les amoureux de l’art et de la liberté d’expression en Tunisie. Entre Sana Tamzini, directrice post-14 janvier d’un Centre qu’elle a redynamisé d’une façon admirable, et Mehdi Mabrouk, devenu ministre tunisien de la Culture quelques mois plus tard, les relations auraient dû être au beau fixe.
Malheureusement, pendant toute cette période, Sana Tamzini affirme n’avoir eu aucun contact avec son ministre de tutelle, malgré des appels et des demandes d’audience répétées. Elle évoque simplement un passage éclair et tardif le jour d’un vernissage d’exposition (voir article dans Le Temps) et une apparition tonitruante, le 19 juin dernier
. Ce jour-là, le ministre s’est violemment attaqué à elle, sous prétexte qu’elle avait laissé entrer et donné la parole à des réfugiés en colère, le jour de l’inauguration officielle d’une exposition sur… les camps de Choucha ! »
Manifestation pacifiste contre le UNHCR (site zoo-project)
Emmanuelle Houerbi revient sur les aspects « d’un limogeage digne des plus mauvais feuilletons » où Sana Tamsini reçoit sa lettre de fin de contrat lors d’une conférence de presse. Son successeur n’ayant pas été nommé, elle craint pour le « devenir d’un centre dont [le] pays a tant besoin ».
« Houcine Tlili, historien, chercheur, critique d’art et instigateur du comité de soutien à Sana Tamzini, « appelle à la mise en place d’une nouvelle politique des arts plastiques, où les différents acteurs seront unis pour faire avancer cet art garant de la liberté d’expression. »