A Fort-de France, le coup d’envoi a été politique avec la mobilisation du Parti progressiste martiniquais (PPM), le parti créé par Césaire le 22 mars 1958, deux ans après son départ avec fracas du Parti communiste.
Selon l’AFP, « dans un décor végétal fait de fleurs de balisier (emblème du PPM), de conques de lambis (clin d’oeil à l’univers marin de la poésie de Césaire) et placés près d’un « tanbou bèlè », évocateur de rythmes et de musique martiniquaise, plusieurs ouvrages d’Aimé Césaire étaient exposés dont le célébrissime « Cahier d’un retour au pays natal ».
Le « texte le plus magistral » du poète Césaire, affirme Serge Letchimy, président du PPM. « On ne peut pas être un militant du Parti progressiste si l’on n’a pas lu et relu, et sans s’être laissé pénétrer de la pensée de Césaire », a-t-il insisté devant plus d’une centaine d’invités au premier rang desquels de vieux compagnons de route du poète ».
La même semaine, Le Havre a organisé son festival littéraire le goût des autres sous le signe des « littératures de la négritude ». Papalagui en a déjà rendu compte. On retiendra la diversité des rencontres, des plus populaires (une dictée césairienne ou des lettres au pays natal écrites par des Havrais) au plus pointues, comme celle autour de l’engagement du poète et de l’homme politique, où François Bayrou a dit tout son admiration pour un homme et son œuvre qu’il avait fait entrée au programme du bac, puis… retirée. Belles propositions de lectures aussi avec Denis Lavant, remarquable de colère contenue, dans sa présentation du Discours sur le colonialisme, ou une tentative de « concert littéraire » moins convaincante du Cahier d’un retour au pays natal, par Serge Teyssot-Gay, Marc Nammour et Cyril Bilbeaud.
Premières tendances de l’année Césaire : pédagogique, universitaire et symbolique.
Une année pédagogique :
Les éditions Honoré Champion lancent une collection à visée pédagogique Entre les lignes « entièrement dédié à l’étude des grands auteurs francophones du Sud et d’outre-mer », précise un communiqué. Parmi les titres du lancement (mis en vente le 3 janvier) un Césaire, Une tempête (édition Huguette Bellemare-Emmanuel), un Fanon, Peau Noire, Masques blancs (par Christiane Chaulet Achour), un Kourouma, Les soleils des indépendances (par Jean Ouedraogo et Saidou Alcény Barry) et un Rabearivelo, Presque-songes (par Charles-Edouard Saint-Guilhem).
Dans la même collection suivra peu avant la date anniversaire du centenaire de Césaire, le 26 juin, une autre pièce de théâtre, Une saison au Congo.
Toujours chez Honoré Champion, annoncé pour fin mai : Les Écrits d’Aimé Césaire, Biobibliographie commentée (1913-2008), de Kora Véron et Thomas A. Hale.
Les jeunes lecteurs sont des cibles de choix pour les éditeurs. Il y a peu une biographie sur Césaire, écrite par Nimrod a été publiée chez Actes Sud junior, Non à l’humiliation.
Les césairiens sont aussi à l’œuvre. Ainsi David Alliot, qui avait retrouvé le manuscrit de Cahier d’un retour au pays natal à la bibliothèque de l’Assemblée nationale, nous annonce « Le communisme est à l’ordre du jour » aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Le capital symbolique de Césaire est très fort en Afrique (à Dakar, trois journées sont prévues en mars) et en Martinique bien entendu. Il l’est moins dans l’Hexagone. Qui du coup met les bouchées doubles avec un Cahier joué à Lyon en janvier, à Vitry-sur-Seine en février.
Parmi les titres hautement symboliques, à noter plusieurs baptêmes de rues ou de médiathèques, où même d’avenue, par exemple dans la petite cité occitane de Bessières, près de Toulouse, qui construit une nouvelle voie l’avenue Aimé Césaire.
Des hommages universitaires, tel Imaginaires et mémoires de l’esclavage : Césaire, les afro-descendants et les Africains du continent face à l’esclavage, le 22 mai 2013, à l’université de Cergy-Pontoise « sur le rapport Afrique/Caraïbe autour de l’esclavage, en privilégiant cet axe poétique et idéologique essentiel de Césaire ». Source : Fabula.
Des colloques
Des baptêmes de rues ou de collèges, comme à Vaulx en Velin dans le Rhône où le collège des Noirettes à été rebaptisé collège Aimé Césaire le 22 novembre dernier, deux jours avant la bibliothèque de Roissy-en-Brie, alors que la médiathèque de Blanzat, près de Clermont-Ferrand, ouvrira ses portes en janvier, .
Césaire et Damas inspirent le musicien Tristan Macé et la chanteuse Clotilde Rullaud qui nous donnent rendez-vous le 4 avril au Triton à Paris avec un quartet de jazz emmené par Piano, batterie, basse…
Des adaptations théâtrales. Cahier d’un retour au pays natal, Théâtre des Marronniers, Lyon, du 16 au 28 janvier 2013. Création de la compagnie Persona qui « s’inscrit dans le projet « Césaire et son poème, un trait d’union entre les peuples » et sera l’objet d’une itinérance en Algérie, au Bénin et au Sénégal – mais aussi en Russie et en Italie : « Nous créons ce spectacle en imaginant chaque étape du voyage (comme un partage) avec des artistes du pays visité, amateurs et/ou professionnels. Sous la forme d’une résidence d’une semaine – et création le 6ème jour -, et par un travail avec des musiciens, nous proposerons une performance poétique et musicale à partir de Cahier d’un retour au pays natal« explique Renaud Lescuyer, créateur de la compagnie. Comédien interprète Joël Lokossou.
A Vitry-sur-Seine, au Théâtre Jean-Vilar, le 20 février, Jacques Martial présentera son Chier d’un retour au pays natal.
À Dakar, du 19 au 21 mars, plusieurs manifestations seront organisées dans la capitale sénégalaise, un colloque le 19, une représentation de la pièce « La tragédie du Roi Christophe » au Théâtre national Danien Sorano de Dakar.
Documentation :
site Parole en archipel, notamment Le Cahier d’un retour au pays natal, l’intégrale du film-pièce avec Jacques Martial :
À consulter sur le Portail Francophonie de la BNF la page Aimé Césaire.
À lire : MondesFrancophones.com
Le ministre des outre-mer, Victorin Lurel a annoncé un hommage à Aimé Césaire au Salon du livre de Paris, en mars.
[Aux côtés de Césaire, d’autres personnalités auraient eu 100 ans en 2013 : Albert Camus, Paul Ricœur, Rosa Parks, dont le nom peut être associé à Martin Luther King, dont le discours le plus célèbre, I have a dream, aura 50 ans le 28 août prochain.
D’autres célébrations d’anniversaires en 2013 sont signalées par l’Unesco. Dès sa fondation en 1913, le Théâtre des Champs-Elysées à Paris provoque un violent scandale avec une œuvre inhabituelle « Le Sacre du Printemps » de Igor Stravinsky : pour la célébration de son centenaire, cette salle en proposera six versions au printemps 2013. Le Point.]