États généraux du multilinguisme (Guyane, 14-18 décembre 2011)

par culture-gouv

Voir les douze vidéos.

Écouter sur RFI La danse des mots d’Yvan Amar, toutes qualités de langues : Ces langues qu’on parle outre-mer et Histoire et réalité du créole réunionnais.

Et les émissions Paris-sur-Mer, de Radio Ô (conception et entretiens Dominique Roederer) sur ces États généraux du multilinguisme.

Tooy, la chronique vidéo du livre de Richard Price

Commençons décembre avec Tooy, ça guérit de tout…

http://culturebox.france3.fr/player.swf?video=30607Découvrez « Voyage avec Tooy » un livre sur les Saramaka de Richard Price sur Culturebox !

Auteur à suivre à Fort-de-France (Martinique), le 15 décembre 2010 18h30, Amphithéâtre de l’AMEP (Route de Redoute) et le 18 décembre à 10h, librairie Alexandre.

Le livre sur Tooy continue son voyage…

Richard Price présentera son livre Voyages avec Tooy à St. Laurent-du-Maroni, librairie « Le Toucan », 5 rue Schoelcher, le 1er décembre à 9h30, et au bar du Toucan à 18h30, une librairie où l’on sait parler chiffres, comme en témoigne ce petit film, tourné lors de l’inauguration de ses nouveaux locaux, en 2009 :

http://vimeo.com/moogaloop.swf?clip_id=4599574&server=vimeo.com&show_title=1&show_byline=1&show_portrait=1&color=ff9933&fullscreen=1&autoplay=0&loop=0La librairie le Toucan inaugure ses nouveaux locaux au 5, rue Schoelcher from mobileric on Vimeo.

Et pour les autres rencontres possibles :

Cayenne, lundi 29 novembre et vendredi 3 décembre, auditorium de l’IUFM, route de Baduel, 18h ;

Mana, bibliothèque, mardi 30 novembre, 17 heures 30 ;

Kourou, librairie Encrage, jeudi 2 décembre, 18 heures ;

Rémire-Montjoly, samedi 4 décembre.

Richard Price et ses Voyages avec Tooy

 

L’anthropologue américain, Richard Price présente son livre Voyages avec Tooy, Histoire, mémoire, imaginaire des Amériques noires (éditions Vents d’ailleurs) à l’École des Hautes études (EHESS) de Paris, 54 bd Raspail, ce lundi 8 novembre 2010, 18h : « Il raconte sa rencontre avec Tooy, capitaine saramaka à Cayenne en Guyane française et nous fait pénétrer dans le monde spirituel de ce prêtre-philosophe-guérisseur à travers ses chansons, histoires, remèdes et langages secrets. »

Bon plan pour le carnaval : hors-saison

Ça babille et ça coque ventre à terre dans les rues de Cayenne, ça cogne et ça meurt en moins de cent pages pour le dire, mais pour le dire bien, dans un style neuf et d’équerre. C’est Un long silence de carnaval, de Miguel Duplan (Quidam éditeur).

L’oxymore du titre (a-t-on jamais vécu un carnaval silencieux ?) signe l’esprit de clair-obscur de l’écriture et du récit qui « raconte avec fulgurance l’ordinaire d’une vie inapaisée », comme affiche très justement le verso du livre. Récit clair, écriture de l’obscur jamais obscure pourtant (Césaire : « J’habite un vouloir obscur j’habite un long silence. »)

Une 4è de couv. ainsi complétée : « Flic quelconque, uniforme bleu-pâle-bleu-foncé, Jean-Baptiste Simonin est en rupture, comme détaché de tout. Sa double vie part à vau-l’eau, son supérieur le méprise et ses collègues l’indiffèrent. Seule la litanie d’un poète toxico chante avec lyrisme l’idéal qui manque à son existence. »

Il n’a pas la tête au carnaval, Simonin, ni sa femme « belle de cette beauté solaire, incertaine, que lui donnent les années passées et qu’elle accepte avec fulgurance et qu’elle prend sans trop se démener. »

Tiens ! encore la fulgurance…

Ça démarre comme un roman des éditions de Minuit, personnages secondaires décrits au plus près, au plus juste, avec grande économie de mots. Miguel Duplan aime les figures de style de la poésie (préfigurant sans doute le personnage du Poète en fin de roman), ainsi l’anaphore faite de répétitions en début de paragraphe, une ironie amère, une insistance tout en contraste, une litote tropicale : « C’est un beau soleil d’août qui s’achève aujourd’hui. »

Comme dans La Lézarde de Glissant (prix Renaudot 1958) ou dans Le cœur régulier d’Adam (dans cette rentrée), le paysage est un personnage. Paysage urbain en l’occurrence avec la ville de Cayenne, beauté anaphorisée alle-aussi. « Il arrive que la ville se fasse belle. Belle comme le bonsoir des Amandiers et le calme qui s’y amarre. Belle aussi comme le compas lancinant de Beethova Obas quand il chante Louloune partie ailleurs. » On se croirait sur le Malecón de La Havane… et dans un piège prêt à se refermer.

Quand Simonin évoque le paysage, c’est pour l’aimer à contre-emploi : « J’aime quand même son bord de mer nauséeux. De là, j’imagine la mer sale dans le fond, à l’horizon. J’aime encore ce paisible qui s’en dégage. Comme un adieu au temps. »

« Cayenne en ce début de millénaire ressemblait à toutes nos envies. Un point c’est tout. » Mais il n’a pas vraiment envie de carnaval ce Simonin. Plutôt envie de silence… Il tabasse un guitariste saint-lucien qu’il juge pourtant « chevronné » et qui l’émeut à lui flanquer la frousse : « c’est tellement beau que j’oublie l’uniforme anguleux que je porte ».

« Nature coléreuse et méchante dans le babillage », le flic en service le dérouille tant la beauté l’émerveille et l’insupporte tout à la fois. Clair-obscur, on disait…

Miguel Duplan fait de son anti-héros un Bérurier Grand-Grec en poésie, tourmenté des Tropiques qui succombe sous la touffeur des sentiments et une beauté magnifiée. Un style fait de brièveté chirurgicale (le stéthoscope est « obsolète ») et de description avec force adjectifs : « Maintenant, je me prélasse sous un gros manguier râblé, assis sur un petit banc fragile, devant moi une bassine molle remplie de mangues rouge-noire-jaune, saturées par les odeurs de rhum vieux. »

Comme le carnaval annoncé, le flic est « hors-saison » :  « C’est vrai ça. Je suis vraiment très beau dans ce miroir arrondi. Je me suis habillé avec tact et lenteur et maintenant, tout de go dans mon uniforme vif, j’apprécie ce que je respire en face de moi. Mon teint clairvoyant me ravive l’esprit et met en avant mes légitimes arrogances. Je suis vraiment celui-là et tel un caudillo sud-américain il me faut étaler ma puissance et ma gloire. Donc, je suis joyeux, prêt à rejoindre ma brigade spécialisée et à prouver à la racaille coincée que j’existe fort, fort et encore très fort. »

Dans ce livre en trois temps trois styles (le flic et ses femmes, sa ville, le Poète), le Poète n’est pas un personnage secondaire, lui « qui se vautre dans les rupestres de l’imaginaire ». Rencontré au commissariat ou dans un caniveau, il porte menottes et majuscule et surtout il est de beau langage, à la manière d’un Charles Pennequin qui aime à dire ses textes dans une cadence de gueuloir intime, juste pour dire :

« et elle Clara elle dit toujours je suis une femme de caractère c’est comme ça et c’est comme ça et la foule résonne c’est wap en bas boudin c’est wap en bas boudin et puis d’un coup tout s’en va comme une coupure électrique l’en existe tant à Cayenne il fait obscur maintenant et la foule crie elle crie la foule des cris de haine et la foule vitupère elle vitupère la foule qu’on enlève les mains de ses poches et elle veut qu’on lui referme les yeux encore la foule et c’est wap en bas boudin c’est wap en bas boudin qu’elle veut encore la foule… »

À défaut de carnaval, tout ceci finira dans le silence. Voilà c’est dit. À en juger par certains passages d’oraliture créole très aboutie (p. 34), on parie que Duplan est digne de prendre le relais dans la grande course des lettres martiniquaises, qu’elles soient de la Comédie créole (Raphaël Confiant), des imaginaires du Tout-Monde (Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau) ou des poètes du Marin (Monchoachi). Dans le carnaval de la rentrée littéraire, il n’est pas sûr que Miguel Duplan fasse grand bruit. C’est pourtant une vague qui vient de loin et qui nous emporte.

Miguel Duplan est né en 1963 à La Martinique, où il vit aujourd’hui après avoir passé vingt-cinq ans en Guyane française. Il est conseiller principal d’éducation au collège du Lorrain. Il est l’auteur de L’Acier (Prix Carbet de la Caraïbe 2007, L’Harmattan) et Le Discours profane (Éditions des Équateurs, 2008).

Antigone à New-York, un théâtre guyanais

http://culturebox.france3.fr/player.swf?video=25813Plusieurs illustres auteurs ont adapté au théâtre le mythe d’Antigone : Sophocle, Cocteau, Anouilh, Brecht. La compagnie KS and Co présente la version de Janusz Glowacki, Antigone à New-York, une pièce sur la solidarité et la dignité entre SDF dans Central Park. Jouée 14 fois en Guyane, la pièce est à l’affiche de la Chapelle du Verbe incarné jusqu’au 31 juillet.

Découvrez Festival Off d’Avignon 2010: « Antigone à New-York », version guyanaise sur Culturebox !

Ici, Antigone se nomme Anita. C’est une S.D.F. polonaise. Elle est à la recherche de Paulie, son compagnon d’infortune.
Sacha et Fléa, émigrés d’Europe de l’Est, lui apprennent que Paulie est mort la nuit précédente, son corps a été emporté sur l’île du potier, la fosse commune des anonymes.
Anita refuse cet oubli et veut lui donner une sépulture descente. Elle paie Sacha et Fléa pour qu’il rapatrient le cadavre.

Dans cette version du mythe d’Antigone, rebelle à la loi, Janusz Glowacki nous plonge dans la face cachée du rêve américain.

Dans l’adaptation de la compagnie KS and Co, le policier a disparu.

Guyane : Papalagui, théâtre et mémoire du bagne

Fallait bien que cela arrivât : la Compagnie KS and CO et Kokolampoe , la scène conventionnée de Saint-Laurent du Maroni, présentent Le Papalagui, avec Ahmadou Bass Dhem, mis en scène par Hamid Réza Javdan, ce soir vendredi 14, et  demain, samedi 15 mai 2010, à 20h – Case théâtre n°8 du Camp de la Transportation.
« Le Papalagui désigne le Blanc, l’étranger, littéralement : le pourfendeur de ciel. Le premier missionnaire blanc qui débarqua à Samoa arriva sur un voilier. Les Aborigènes prirent de loin les voiles blanches pour un trou dans le ciel, à travers lequel le Blanc venait à eux. »
Renseignements et réservations au 05 94 34 26 88.

Lettres de Guyane

Nouveau lien avec le livre en Amérique amazonienne, le Blog de Promolivres, avec un billet sur le récent Salon du livre de Belem et les auteurs annoncés au prochain Salon du livre de Cayenne (19 au 22 mai 2010), centré sur la connaissance des origines et de leurs imaginaires :

« Si nous ne comptons plus les Guyanais « d’origine » syro-libanaise, chinoise, hmong, fondus dans un même peuple, si nous ajoutons les migrants issus des mêmes ailleurs, que savons-nous des histoires des ancêtres qui ont fondé notre originalité, des imaginaires qui nous unissent plus qu’ils nous distinguent ?

Ce salon souhaite donc rendre hommage à l’Orient des Amériques et de la Guyane en invitant des auteurs d’ici, de régions proches ou éloignées, et ce dans la plus grande fraternité. »

« Beaucoup d’immigrés, beaucoup d’étrangers, qui ont donné des lettres à notre alphabet », nous dit le poète Yvon Le Men, dans « le y ».