Il y a 40 ans disparaissait Saint-John Perse

Il y a 40 ans, le 20 septembre 1975, disparaissait Saint-John Perse, à l’âge de 88 ans. Ce diplomate et poète français était né à Point-à-Pitre (Guadeloupe), lauréat du prix Nobel de littérature en 1960. Il était descendant de colons français établis aux Antilles depuis la fin du XVIIe siècle. Son œuvre a été au programme de l’agrégation.

« Saint-John Perse a édifié, à l’écart des milieux littéraires, une œuvre poétique monumentale par la noblesse de son ambition et la splendeur de son langage. Indifférente à toute transcendance, elle exprime pourtant, à travers le foisonnement de ses images, l’ampleur de ses visions et la grandeur de ses mythes, une persistante nostalgie du sacré.
Véritable inventaire du monde, son œuvre en traduit la beauté luxuriante dans une langue riche en vocables rares et en métaphores étranges et précieuses. Dans la forme du verset claudélien et de la litanie, elle s’élève spontanément au ton de l’épopée. » (Le Grand Robert).

Voyons comment Perse est enseigné aujourd’hui. Par exemple dans une classe de première du lycée Montebello à Lille, sous l’autorité de Sylvain Dournel :

Vents, I-1

C’étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n’avaient d’aire ni de gîte,
Qui n’avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille,
En l’an de paille sur leur erre… Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !

Flairant la pourpre, le cilice, flairant l’ivoire et le tesson, flairant le monde entier des choses,
Et qui couraient à leur office sur nos plus grands versets d’athlètes, de poètes,
C’étaient de très grands vents en quête sur toutes pistes de ce monde,
Sur toutes choses saisissables, parmi le monde entier des choses…

Et d’éventer l’usure et la sécheresse au coeur des hommes investis,
Voici qu’ils produisaient ce goût de paille et d’aromates, sur toutes places de nos villes,
Comme au soulèvement des grandes dalles publiques. Et le coeur nous levait
Aux bouches mortes des Offices. Et le dieu refluait des grands ouvrages de l’esprit.

Car tout un siècle s’ébruitait dans la sécheresse de sa paille, parmi d’étranges désinences : à bout de cosses, de siliques, à bout de choses frémissantes
comme un grand arbre sous ses hardes et ses haillons de l’autre hiver, portant livrée de l’année morte;
Comme un grand arbre tressaillant dans ses crécelles de bois mort et ses corolles de terre cuite –
Très grand arbre mendiant qui a fripé son patrimoine, face brûlée d’amour et de violence où le désir encore va chanter.

» Ô toi, désir, qui vas chanter… » Et ne voilà-t-il pas déjà toute ma page elle-même bruissante,
Comme ce grand arbre de magie sous sa pouillerie d’hiver : vain de son lot d’icônes, de fétiches,
Berçant dépouilles et spectres de locustes; léguant, liant au vent du ciel filiales d’ailes et d’essaims, lais et relais du plus haut verbe –
Ha ! très grand arbre du langage peuplé d’oracles, de maximes et murmurant murmure d’aveugle-né dans les quinconces du savoir

Saint-John Perse, Vents, Gallimard.

Comment lire les poèmes de Saint-John Perse ? (Colette Camelin, L’information littéraire, 2006/3 (Vol. 58), pp 23-27, Les Belles lettres, Cairn.Info.

Au Japon, des ateliers d’écriture initient à la poésie de Saint-John Perse.

Site Saint-John Perse, le poète aux masques.

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