بعد سبع سنوات على رحيله لا يزال محمود درويش حيا في حضرة الغياب
Sept ans après sa disparition, Mahmoud Darwich est toujours une « présence dans l’absence ».
© Ernest Pignon Ernest
Ne pourrais-tu éteindre une lune ?
Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que je m’endorme ?
Que je m’endorme, un moment, sur tes genoux et que se réveillent les mots
Pour louer les vagues de ce blé qui croît entre les nervures du marbre ?
Tu m’échappes, gazelle apeurée qui danse autour de moi et danse
Et je ne parviens pas à rattraper un cœur qui mord tes mains et crie : Reste
Que je sache de quel vent se lèvent sur moi ces nuées de colombes
Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que je vois
La vanité de la gazelle assyrienne qui poignarde son chasseur, d’une lune ?
Je te cherche mais ne trouve pas le chemin. Où est Sumer
en moi… et où est le pays de Shâm ?
Je me suis souvenu que je t’avais oubliée. Danse donc au firmament des mots.
1986
Mahmoud Darwich, La terre nous est étroite et autres poèmes, traduit de l’arabe par Elias Sanbar, Gallimard, Poésie
Autre traduction par Abdellatif Laâbi, site art moderne.