L’empilement de valises de Tammam Azzam, artiste syrien en résidence à Vancouver, évoque immédiatement les totems géants des Amérindiens de la côte ouest du Canada. Ces sculptures de hauts lignages sont des pôles identitaires et généalogiques, racontant symboliquement la vie passée des Amérindiens de la Colombie britannique.
Depuis son exil de Syrie, Tammam Azzam est connu pour les images géantes du Baiser, de Klimt, sur fond d’immeubles criblés d’impacts dans son pays natal (voir Papalagui, 08/06/15). C’est un artiste dont la matière première est le symbole.
Aujourd’hui, il a choisi de nommer son œuvre « Border crossing » ou « maaabar » en arabe (passage, traversée).
Comment ne pas voir dans le geste génial de l’empilement de ces valises plaines de fleurs l’érection de lignages multifamiliaux entre migrants à travers ce XXIe siècle ?
On connaissait – jusqu’à la saturation visuelle – les images clichés des grappes humaines accrochées sur les dunes du Sahara aux ridelles d’un camion ou entassées dans des coquilles de noix chargées comme des grenades en Méditerranée ou dans l’archipel des Comores.
Avec Tammam Azzam, les grandes migrations deviennent des objets esthétiques, la grande aspiration des Temps modernes, un désir plus fort que tous les périls.
Consulter le site de la galerie Ayyam qui représente Tammam Azzam.