Contre Kamel Daoud, une curieuse « fatwa »

En Algérie,  une fatwa menace l’écrivain Kamel Daoud, journaliste et écrivain connu pour son roman finaliste du prix Goncourt Meursault, contre-enquête, édité par Barzakh en 2013, Actes Sud en 2014, inspiré de L’Étranger d’Albert Camus.
Décrit comme étant un « obscur salafiste » par le quotidien Le Matin, Abdelfattah Hamadache, un des « fondateurs d’un parti non agréé, le Front de la Sahwa islamique salafiste libre » a appelé à l’assassinat de l’intellectuel.
Dans une pétition, le journaliste Adlène Meddi, rédacteur en chef de Le Watan week-end, a réagi dans une pétition pour que « les ministres de la Justice et de l’Intérieur [enclenchent] des poursuites contre ces appels aux meurtres ».
Dans sa chronique quotidienne, Kamel Daoud réplique : « De quoi cela est-il le signe ? Du déni : rues sales, immeubles hideux, dinar à genoux, Président malade, une dizaine de migrants tués dans un bus sur la route du rapatriement, dépendance au pétrole et au prêche, niveau scolaire misérable, armée faiblarde du Golfe à l’océan, délinquances et comités de surveillance du croissant, corruption, viols, émeutes. Rien de tout cela ne gêne. Sauf le genou de la femme, l’avis de Kamel Daoud, le film « l’Oranais », dénoncer la solidarité assise et couchée avec la Palestine, l’Occident en général, le bikini en particulier et l’affirmation que je suis Algérien ou le cas d’Israël comme structure des imaginaires morbides.
Pourquoi cela existe ? Pourquoi l’âme algérienne est-elle encerclée par une meute de chiens aigus et des ogres pulpeux ? », conclut-il.

Des lignes qui rappellent Les ennemis, du nouvelliste syrien Zakaria Tamer :

الخطر
سُئِلَ عالِمٌ عَمّا سَيَحْدُثُ فِي المُسْتَقْبَلِ فَقَالَ دُونَ تَرَدُّدٍ :
– سَيَمُوتُ الكِبَارُ. سَيَمُوتُ الصِغارُ. سَتَمُوتُ القِطَطُ وَ الطُّيُورُ وَ الأَزْهارُ.

« Le danger. On interrogea un savant au sujet de ce qui se passerait dans l’avenir ;  il répondit sans hésiter : « Les adultes mourront. Les enfants mourront. Les chats, les oiseaux et les fleurs mourront. Les maisons et les livres seront brûlés. On mettra le feu aux écoles et aux photos. Le napalm effacera les rires, la langue arabe et les champs. Les hôpitaux seront détruits. Les usines seront anéanties. Les femmes marcheront dans la rue sans voile. » Lorsque cela fut écrit dans les journaux, tous ceux qui étaient dévoués à la nation tombèrent d’accord pour condamner ce qui arriverait à la femme ;  ils demandèrent aux gens de lutter pour repousser ce danger loin de la nation. »
extrait de la nouvelle « Les ennemis », fragment du recueil « Les Tigres, le dixième jour » (1978), de Zakaria Tamer, écrivain syrien, traduction du passage par Luc-Willy Deheuvels (Manuel d’arabe moderne, volume 2, P. 19, 2011).

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