… créer dans un monde qui oblige les peintres à tuer les poètes

« Travaille, travailleur.
Fondeur du Creusot, devant toi,
Il y a un fondeur d’Essen,
Tue-le.
Mineur de Saxe, devant toi,
Il y a un mineur de Lens,
Tue-le.
Docker du Havre, devant toi,
Il y a un docker de Brême,
Tue-le.
Poète de Berlin, devant toi,
Il y a un poète de Paris,
Tue et tue, tue-le, tuez-vous,
Travaille, travailleur. »

Extrait de Tu vas te battre, poème de Marcel Martinet publié dans Les Temps maudits, en 1917. Réédité chez Agone en 2004.


Dans son livre Le tableau papou de Port-Vila (Cherche-Midi), Didier Daeninckx (avec Joe G. Pinelli) dialogue avec Olivier Faivrier, auteur d’un article sur la poésie pacifiste liée au Chemin des Dames. Il lui décode le poème Travaille, travailleur… en citant une source allemande digne de foi, qui précise que deux vers (concernant un poète français) sont de la main du peintre allemand Heinz von Furlau, sujet de la quête de l’auteur de polars mémoriels, de l’Océanie aux Chemins des Dames.
«En fait von Furlau commandait plusieurs pièces d’artillerie qui pilonnaient le secteur du Bois-des-Buttes et la route de Pontavert, à environ trois kilomètres de Craonne. Un an et demi plus tôt, le 17 mars 1916, au même endroit, un éclat d’obus avait transpercé le casque d’un soldat français qui s’appelait Guillaume Apollinaire. Heinz von Furlau n’a jamais pu se défaire de l’idée qu’il était en quelque sorte responsable… On a la copie d’une lettre à sa sœur Magda où il lui confie : « À quoi bon continuer à créer dans un monde qui oblige les peintres à tuer les poètes ? » (« Wozu noch langer künstlerrisch schaffen in einer Welt, die Maler zwingt, Poeten umzubringen. »)

Un commentaire

  1. 1914
    ouvriers reconvertis
    poésie rebaptisée
    a pu!
    nationalismes, impérialisme…
    il en sort un apocalypse tout show

    à mon tour de prendre
    quart, garde, langue, etc.

    Travailler à ouvrir l’oeil

    J’ai fait un rêve…

    d’habitude, je ne fais rien. Pourquoi faire ? Tout ce que je fais est mal ou mal fait. Pom ! Popopom… prendre de mes nouvelles, dans les journaux. Et tant de créatures malheureuses, qui croient bien faire, soupirent au soupirail d’oeil glauque et sec

    Tout-Fait qui fait tout, j’étouffe, aide-moi !

    Comme moi, elles ignorent, mais différence oblige, que sagesse commande de laisser faire le droit chemin. Il sait ce qu’il fait. Aux barrières, le dimanche, il dit : levez-vous ! Et les barrières toutes fières montrent comment faire, basculant d’avant en arrière, haut hisse, en faisant le gros dos d’abord, puis s’affaissant lentement, pour battre chaud et trouver bonne assiette. Et puis le garde-barrière chantonne : ils ont des ailes, les p’tits drapeaux… sinon ça serait des paillassons. Il sait aussi où il va, le droit chemin. Jusqu’au bout. Avant comme après. Et si avant C, B et après C, D, alors ici Tanguy à vous Charlot… je laisse de côté les problèmes d’interférence, qui assaisonnent le Réel.

    – Papiers, siouplaît ! Ah ! Comme ça, vous êtes pressés, on vous attend à New-York ? À quelle vitesse, déjà, faisiez-vous la chose ?

    (L’autre, à part lui)

    – Maudite tordue du Réel !

    De ne rien faire, plus tard, le monde me remerciera : il nous a sauvé, juste en fermant l’oeil ! Si j’avais levé la barrière, même par mégarde, comme à une conférence de presse, au moment où le Paris-Brest, qu’est-ce qui se serait passé ? Et qu’est-ce que j’aurais dû inventer pour tout remettre sur les rails ? Par bonheur, je dormais. Ah si la police, de même, laissait le droit, impossible ! Elle n’a pas, comme moi, la propriété du sommeil ou alors pour un siècle, en tant que force tranquillisante. Le rêve devient cauchemar.

    – Marre ! Marre ! Marre !

    L’homme allongé s’animalise. Son activité réduite au minimum, quoique élémentaire, devient purement expressive. Spasmes, grognements pimentés de deux trois mots incompréhensibles, j’y arrive pas ! Je peux pas ! Non pas maintenant ! Enfin des choses comme ça qui échappent au commun, parfaitement inutiles, accompagnées de mouvements-réflexes, synonyme d’angoisse, le village, nouvelle saison, maladroitement corrigée de baisers en l’air et ris aux anges. L’intérieur tire les ficelles. Perché sur la grande échelle de l’égalité multiple à lits superposés, de la paillasse à la couche royale. À qui veut la lui prendre, il crie : pôv’ con ! Plotin lui a enseigné comment gravir les échelons. Poulies, pouliches, étalons, derrière les barreaux désireux de barrières, sont entravés. La MPT, n’entravant rien, débarque pour les délivrer du Mal, lance devant un en avant ! et accouche d’un :

    – Debout Barreaux ! Barrières ! Arrière ! Couché !

    Comme un come back qui tient le monde en son bec et haleine. Avant de le vomir. Il est tard, tard. La raison s’envole. La ruse reste collée au trottoir. Un marchand contemporain de l’art la remet aussitôt d’aplomb, l’encadre, l’expose et en tire un bon prix. Il sait faire de l’esprit à bon marché. Parallèlement à ce qui précède, ce qui fait que personne ne peut dire où et quand faire connaissance commence, la grande échelle décrit un arc égal à un droit. Son droit le plus absolu. C’est aussi la loi de la pesanteur qui fait que la flèche vers le ciel indexé doit, s’écartant apparemment du droit chemin, sur terre, l’étendre automatiquement. Ce passage est déterminant quant au fait de savoir si le discours traîne ou pas en longueur.

    Les barreaux las d’être rabotés à chaque passage sont maintenant debout et fument. Soit comme un canon après l’orgasme. C’est chaud ! Soit comme un qu’a porté sa brique au mur avec qui parler. À part les Basques, les cons ! qui pelotent. La grande échelle, belle girafe flamboyante s’est faite, de son côté, barrière à endiguer la montée des et du zoo. Poulies, pouliches, étalons, comme les ficelles s’emmêlent, sont faits roussins et galopent sur les flots et ruent, jambes en V, éructent. Ainsi, à coups de sabots, ce troupeau créa la femme ! Grande comme un platane. Et le marronnier vit que c’était bon.

    – Ami ! Entends-tu ! Tout est droit et au carré !

    Comme le père Lachaise, au soleil, contre le mur, je vois défiler le camp saint. Qui sert. Six lettres rusent. Leur langue plonge dans le grand alvéole de la Raison. Comme un pot au goût sauvage qui d’or déborde. Quand le péché se différencie en sexe et monnaie, le soleil brille, tout baigne ! Recommence, dit le Marronnier au Platane, que je vérifie à combien d’exemplaires, le tirage ! Sur quoi, tout à coup, quoi ?

    – Coin ! Coin !

    Ça vient d’abord de loin. D’en bas. De la rue, en fait. C’est le marchand de glaces. Mes quinquets clignent. Rêver n’est pas une sinécure. Ça préoccupe ! Ça cause souci. Travail usant. D’homme d’intérieur, cherchant femme de ménage. Pour faire quoi ? Tirer les ficelles. Envoyer la cavalerie. Rechercher la beauté, morte ou vive. L’esprit tire sa révérence. Ne sait quand reviendra. À cloche-pied dans un tombeau ouvert. Pour dire qu’il a changé !

    – Oui ! Je le jure !

    Ça donne à agir. Je remue les lèvres. Esprit ! Tu es Roman. Et sur ce Roman désormais j’empilerai tous mes rêves. Comme un autodafé et moi au milieu, car je suis maître de vérité. Plus besoin de panneaux ! Pour montrer le droit chemin. Et les radars dare-dare… v’là que la MPT remet ça. Ce n’était qu’un début, elle en redemande

    – du rose, on n’en veut pas ! Tous ensemble pour du beurre. Du beurre, à la sueur des canons !

    C’est un combat pour l’honneur . Je me vois contraint de lui décerner la rosette, en lui tenant à peu près ce langage.

    – Hé ! bonjour, monsieur le pape haut ! Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Assis sur votre chef, vous avez l’air d’un hussard à la pointe du combat.

    Quand esprit vole, Science frivole en trombe, enrichit sol

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