Paul Arrighi, poème d’automne

Hourra, Hourra ; élégie à notre automne chéri

Cher automne, tu es vraiment ma saison chérie,
Tu portes la couleur dorée des pêches et des prunes
Avec quelques reflets des raisins de Moissac,
Alors que les feuillages roux te font un tapis d’or.
Et que dame châtaigne crépite dans les feux de bois.

Tu es la saison chère des amours romantiques,
Et des êtres esseulés, assoiffés de ta lumière tamisée,
des tons délicats et de ta vêture de velours.
Automne, tu es Femme splendide qui le sait et en joue ;
de celles que l’on n’oublie jamais avec leurs chevelures rousses.

Cher automne, tu flamboies partout où l’on te trouve,
des châtaigniers de Corse, aux eaux de la Volga.
Ta couleur préférée est le roux mordoré
Avec quelques nuances de soleil flamboyant,
Sans jamais oublier le marron des châtaignes.

Automne, tu es par excellence la saison d’intellect
Où poètes et penseurs trouvent l’inspiration,
propice à leurs rêves et à leurs créations.
Tu nous tends le miroir de la contemplation
Qui rend l’esprit aux vraies priorités qui sont spirituelles.

Ton ciel devient tapisserie avant que le soir tombe,
Tant soleil, nuages et lune jouent un ballet de feu
Il reste en toi assez du bouillonnement de l’été
Et des excès grandioses de la saison brûleuse
Peu à peu refroidies par Eole qui pointe quand les jours rétrécissent.

Ce n’est qu’en fin d’automne que tes atours déclinent
Avec quelques journées d’une telle beauté,
Que notre cœur se serre à devoir te laisser
Peu à peu t’engourdir dans un linceul d’hiver
D’où le printemps nous éveillera ; déjà rêvant d’automne.

Paul Arrighi, Toulouse, octobre 2013.

2 commentaires

  1. Les êtres, le cosmos, la terre et le vin
    (Dédié à cet incomparable génie Charles Baudelaire)

    Les ceps murissent longuement sous l’énigmatique lueur des cieux,
    irisés par les ondes astrales du Cosmos et ses grands vents de feu.
    Des gelées de janvier aux averses d’avril, le vigneron soigne ses vignes.
    qui souffrent des fournaises de l’été jusqu’à la bouilloire dorée de l’automne.
    Le vin est d’abord fruit des astres et des cieux, mais aussi de la patience et de l’art du vigneron.

    Il y a une magie du vin qui vient sceller les noces mystiques de l’azur, de la terre, du cosmos et des graves.
    Il existe dans le vin comme une consécration des noces d’or de la terre, des pierres et de l’azur,
    Qui lui donne son caractère âpre ou velouté, son goût inimitable, sa vraie signature, son héraldique.
    Un palais exercé saura toujours en déceler l’empreinte pour y trouver sa genèse et gouter ses merveilles.
    Mais c’est le vigneron qui consacre ces noces avec son savoir, son doigté, sa manière d’opérer le grand œuvre des vendanges.

    Le choix de la date des vendanges dépend de l’intuition humaine et correspond au sacre de l’automne.
    Au moment où les grappes pèsent et ou les raisins sont gonflés comme de lourds pendentifs,
    alors que les raisins mûrs sont prêts à sortir de leur enveloppe dorée pour se transformer en élixir.
    Le vigneron prend la décision sacrale de celle dont dépend la qualité du vin à naître.
    Et les vendanges vont se mener dans une atmosphère d’excitation et de sentiment de franchissement du danger.

    Désormais le vin sorti du pressoir va murir dans des barriques de chêne
    Le bois peut apporter sa chauffe méthodique afin que se mêlent au jus des arômes de bois et de forêts,
    C’est sûr, cette année, les forces de la nature et de l’Homme nous préparent un grand vin.
    Aussi quel honneur et quel rite magique que d’en boire les premières gorgées dans des coupes d’argent ou des verres de cristal,
    avant même que le vin ne soit fait et tiré pour en détecter les grands traits et les failles.

    Enfin, vient le moment de boire, comme une élévation des cœurs et des esprits.
    L’on ne boit bien qu’en groupe, qu’avec de vrais amis, sa chérie ou des belles.
    Boire c’est d’abord humer et découvrir par le nez les secrets d’un terroir et des pampres,
    puis humecter ses lèvres afin de s’imprégner des sucs et des saveurs,
    et puis boire surtout, c’est œuvre de finesse, d’expression de l’Esprit et de bonne humeur; qu’il y ait de l’ivresse, fort bien, mais jamais d’ivrognerie
    Paul Arrighi ; Toulouse, novembre 2013.

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  2. FLORILEGE DE POEMES MEDIRERRANEENS

    1- La Kabylie jusqu’à l’âge de mes huit ans

    Les nèfles de Kabylie

    Il est des souvenirs d’enfance qui dominent longtemps l’esprit et ont des goûts de saveurs douces telles les madeleines de Proust.
    Pour moi qui suis né à Bougie Ce sont les nèfles de Kabylie.
    C’était en mai soit en juin que ces fruits blonds arrivaient sur la table de formica dans des couffins tressés de paille,
    comme le signe d’un printemps qui bientôt deviendrait fournaise mais vibrionnant de Soleil.
    Il fallait enlever la peau et en séparer les noyaux qui me faisaient penser à des billes Mais leur chair était succulente avec des zestes de vanille. et de bonbons acidulés.

    J’avais huit ans, c’était la guerre !

    Mais quand les nèfles arrivaient, j’oubliais les soucis des «grands» pour goûter à la chair des nèfles, joué aux billes avec leurs noyaux.
    C’est ainsi que parmi les drames, le regard de l’enfance est lointain.
    Car la mort leur reste chimère. bien moins réelle que les jeux et les fruits dorés, bref privilège de l’enfance.

    ***

    L’épicerie «Mozabite» d’Akbou

    S’il y a un lieu dont je me souviens,
    C’est de l’épicerie d’Akbou,
    située dans la rue centrale.
    J’y accompagnais mes parents,
    et pénétrais dans cette échoppe
    avec tous mes sens en éveil,
    surtout pour humer les senteurs mêlées
    des jarres d’olive et de piments rouges.
    L’épicier était Mozabite,
    avec des pantalons bouffants.
    Le roi des commerçants du lieu,
    car dans l’espace resserré
    jamais rien ne vous y manquait
    dans cet incroyable fatras
    où le «Mozabite» faisait ses choix.
    vous tirant toujours d’embarras.
    Il y avait des tonneaux d’olives
    vertes ou noires dans leur saumure
    avec ce goût qu’elles ont : «là-bas.»
    et puis ces senteurs mélangées
    de menthe, paprika, cumin
    des parfums de fleur d’oranger.
    et à la belle saison des dattes
    pendaient les «reines» : «Deglet Nour»
    Parmi toutes ces friandises
    Il en est deux qui pincent mon cœur
    Cette galette ronde et si tendre
    la «Kesra» plus tendre que le pain.
    et les sacs remplis de semoules
    qui sont la base du «Couscous» Kabyle
    Alors que l’agneau est son prince
    Merci à l’épicier d’Akbou
    qui sut si bien aiguiser nos sens.

    ***
    2- La Corse de mon Enfance et de ma jeunesse

    Les Oliviers de la Balagne

    Jolies collines ocre parsemées d’Oliviers,
    A la verdure frémissante sous le libecciu,
    à la myriade de tes troncs si noueux,
    et à la profusion des feuilles fines et vertes.
    Depuis tant de siècle nous cultivons l’olive,
    que des fleuves d’huile pourraient sortir des jarres,
    se mêler aux senteurs de la nature en feu,
    et toujours nous donner ce liquide dorée.
    Oliviers frémissants sous le feu du soleil,
    et verts, toujours plus vers, comme des émeraudes.
    Oliviers perches sur vos collines incrustées de granit,
    ou le merle siffleur et le geai ricaneur trouvent refuge.
    Champs d’Oliviers tournoyant de tempêtes marines,
    et oliviers velours vêtus de tuniques de feuilles,
    j’ai cru sous vos branchages voir passer la Colombe,
    celle qui manque tant pour nous porter la paix,
    ***
    Les Figuiers de Muna

    Après tant de lacets nous avons touché l’havre,
    de ce village cher au cœur de mon cher Père,
    ou il trouva refuge quand l’acier dominait
    et y vécut parmi bergers et réfractaires
    Au-dessus de la route il est comme hors d’atteinte
    car ne peuvent y venir que des marcheurs à pied
    Ou monter sur mulets mais pas l’automobile
    Ce village est écrin et l’on peut s’y poser
    Mais autour des maisons dont les pierres s’écroulent
    et des tuyaux jetés pour ne pas perdre l’eau
    la menthe et les figuiers parfument l’atmosphère
    de ces parfums si fins de Méditerranée
    ***
    Élégie à la «Sposata»

    Comme un cheval fougueux
    Tu chevauches les pierres
    De ta montagne de granit.
    Tu domines le «Liamone».
    Et portes jusqu’à l’horizon
    Cette grandeur altière
    Qui est ton sceau de chevalier.
    La mariée ingrate
    Ayant laissé sa mère, sans un regard
    Fut transformée ici
    En monture de pierre.
    Mais par sa révolte, toujours indomptée
    Elle continue d’harnacher, la nuit,
    des chimères de feu et son rêve de fuite.
    Oh, montagnes sacrées
    Témoins de tant d’effrois
    Et de tant d’invasions,
    D’où les conques soufflaient
    Leurs cris stridents de guerre
    Pour porter loin l’alarme
    Quand l’aigle voyait les chèvres dévaler
    Oh, montagnes sacrées
    Qui virent tant d’étés
    Enflammer l’horizon
    Et calciner les pins
    Ou l’eau glacée des sources
    N’apaise pas les soifs de pureté
    Et ou les merles et les geais
    Tiennent commun concert
    Corse – Aout 2009
    ***
    En songeant aux bords de la rivière «La Catena»,

    Elle porte un nom qui signifie «la chaîne» ; mais qui est bien au contraire, expérience de Liberté.
    Dans les temps féodaux, un seigneur de la Cinarca y fit construire sur ses hauteurs une place forte,
    Dont il ne reste plus que quelques pierres éparses et le baptistère,
    Ainsi que les souvenirs de cruels massacres jamais éteints par les siècles,
    L’été, sa musique de roches se joint à ses ombrages pour en faire un lieu de détente et de fraîcheur,
    Les repas aux creux des rochers y sont fréquents avec les rires des enfants, le ruissellement de l’eau sur la peau sont le sourire des étés et le havre de celles et ceux qui recherchent musique, naturelle et fraîcheur.
    La mélopée de son flot continue peut avoir le même effet qu’une musique planante et vous jeter dans les bras de Morphée sans Ganja,
    ni Marijuana,
    Pourtant les rocs de granit en obstruent parfois le cours font ressembler ce torrent a une rivière peuplée par des géants de pierre.
    Et son grondement ininterrompu laisse planer comme le soupçon d’un danger diffus.
    Les truites «fario.» n’en sont pas absentes, même si trop pêchée, elles se nichent au plus profond des creux et des anfractuosités des rochers.
    Et si vous observez avec acuité vous verrez la trace du passage des sangliers et des renards venus se rafraîchir et croquer quelques bestioles ; Mais c’est encore les jappements et aboiements de «Gypsie», la chienne de Cathy et Régis qui apportent à ces lieux, une animation peu ordinaire
    Cependant la douceur et la fraîcheur apparente de cette rivière, lors des beaux jours, ne doit pas faire oublier qu’elle sut à maints reprises se montrer furieuse et même meurtrière.
    Combien de pêcheurs imprudents ou de promeneurs solitaires glissèrent ils d’une de ses roches ou furent emportés par ses eaux tumultueuses dévalant des hautes montagnes ?
    Cette rivière riante sait être aussi un torrent furieux lors des orages terrifiants qui éclatent en Montagne ; «La Catena.» n’est plus tigre que chat et ne s’assoupit jamais que d’un œil.
    Fin automne quand les orages succèdent aux jours de pluie son flot grossit et je vous déconseille le bain car les trombes d’eau venues des sommets dévalent avec une vitesse terrifiante emportant troncs d’arbres et vont secouer les roches ;
    L’été cependant, musique monotone de son courant pousserait à siester le plus désolant des « Hommes pressés. »
    Et la «Catena» a l’air de nous dire au travers de ses échos : «sachez écouter ma musique et prendre le temps de vous poser un peu.»

    Paul Arrighi (Toulouse)
    E-Mail : paul20.arrighi@numericable.fr

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