À Brazzaville, il se dit que les jours de grands matchs de football, exemple Barcelone-Chelsea, les habitants de la capitale ont deux certitudes : primo, ils n’auront pas d’électricité en rentrant à la maison le soir, secundo, les « ciné-clubs » feront le plein, non pas qu’ils sont des refuges pour cinéphiles, c’est même tout le contraire : au terme d’une belle collusion, les patrons des prétendus ciné-clubs achètent un service aux employés de l’électricité qui coupent l’électricité, moyennant quoi lesdits ciné-clubs, pourvus de groupes électrogènes, ont du courant, et donc la télé, et attirent un monde fou de « supporteurs » qui viennent comme moustiques à la lumière.
Le Collectif Elili [« image » en lingala] n’est pas seulement un groupe de photographes qui veut « documenter le Congo », c’est aussi une belle ambition, comme celle d’organiser des formations de six mois pour des enfants, comme en témoigne le vernissage de l’exposition rue des 3 francs à Bacongo, quartier de Brazzaville, où l’ont a pu apprécier que la vocation de l’un d’entre eux était de devenir… président de la République.
Dans la capitale congolaise, les chantiers de rue étant ouverts au tout-venant, le piéton doit souvent louvoyer entre sables, graviers et goudron encore chaud avec pour seule consolation une parole entre ouvriers au repos, de part et d’autre de la chaussée, quand l’un d’entre eux hèle un camarade pour lui raconter sa vie, ses misères où telle anecdote, comme entre deux mots de lingala, cette parole magnifique, dite en français : « Je suis couturé d’impôts. Je suis couturé d’impôts. »