Robert Citron est mort à l’âge de 88 ans, samedi à l’hôpital de Fontainebleau (banlieue Sud de Paris), des suites d’une longue maladie, quelques mois à peine après la sortie du film réalisé par Gilles Dagneau, Le gendarme Citron. J’avais écrit ici tout l’intérêt du documentaire et toute la portée symbolique, sociale et culturelle qu’il conférait à la vie et à la démarche de ce gendarme atypique.
Il sera incinéré mardi et ses obsèques auront lieu dans son village natal de La Petite-Marche, en Auvergne, dans le courant de la semaine.
Jusqu’alors seul Georges Pisier lui avait consacré quelques lignes dans son livre Kounié ou l’ile des pins, publié en 1978 par la Société d’études historiques de Nouvelle-Calédonie.
Pour le dire en une formule lapidaire : Citron avait consacré sa vie de gendarme en Nouvelle-Calédonie, pendant deux fois quatre ans, à filmer les gens, précisément les Kanak, dans leurs activités quotidiennes et coutumières. Ce Jean Rouch du Pacifique était jusqu’au film de Gilles Dagneau ignoré.
» Depuis, toutes les communautés et tous les âges l’ont vu « , nous dit le réalisateur.
Réagissant à sa mort, Gilles Dagneau dit combien » Robert Citron était un bonhomme épatant. Après le tournage, il était retombé malade, mais on gardait le contact.
Quand as-tu pris connaissance de son travail ?
J’en avais entendu parler en 1990. Mais c’est seulement en juin 2006, qu’avec Emmanuel Kasarherou [directeur du Centre culturel Tjibaou], lorsque Citron cède ses archives au Centre, que nous décidons d’exploiter ses images pour en faire un documentaire pour le plus grand nombre.
Un mois plus tard, Citron tombe malade. C’était la grande canicule de juillet 2006. Pendant un an, j’ai abandonné l’idée de faire un film avec lui. En fin de compte, je m’aperçois que sans lui le film aurait perdu beaucoup de force.
Pendant le tournage, en novembre 2007 à Nouméa, sa fille Catherine m’envoie un mail qui m’annonce que son père voulait bien me recevoir.
Le projet de film le stimulait. Il voulait savoir si ce qu’il avait fait » avait un intérêt, oui ou non ? « Or les archives au Centre culturel sont utiles pour les chercheurs essentiellement, qui se comptent sur les doigts de la main.
Avec Citron et ses films, il y a tout, le personnage, ses thèmes de prédilection, l’île des Pins, etc.
Comment s’est passée votre rencontre avec Robert Citron ?
Avec Pierre Vachet [JRI-cameraman], nous l’avons croisé pour un premier tournage, il y a un an. Il avait retrouvé la parole, alors que jusqu’alors sa maladie l’avait rendu aphasique. Mais il était fatigué ; au bout de deux heures, il a dû regagner sa chambre. Nous avons eu deux séances d’enregistrement. Puis nous l’avons rencontré une dernière fois pour lui montrer les témoignages des personnes qui l’avaient rencontré à l’époque. [Ce final est sidérant d’émotion : on y voit ceux qui lui rendent hommage pour le regard et l’écoute que Citron portaient sur eux, c’est comme le retour d’un partage plein d’humanité profonde].
Citron n’a pas pu venir à la projection en avant-première, mais sa fille m’a dit que depuis il le regardait tous les jours !
Quel a été l’impact du film en Nouvelle-Calédonie ?
Un impact incroyable, si je puis me permettre. Même le film Tjibaou, le pardon n’a pas eu un tel impact. Le gendarme Citron a intéressé toutes les communautés, tous les âges, il parle à tout le monde, chacun s’y retrouve. Emmanuel Kasarherou m’a confié qu’il ne peut pas croiser quelqu’un qui ne lui demande pas un DVD [disponible fin 2009].
Avec ce film, j’ai eu le sentiment que tu redonnais du sens au regard d’un grand témoin…
Comme réalisateur, j’ai souvent le sentiment de voler beaucoup de choses. Mais là, j’ai donné quelque chose en retour. Si on m’avait dit que je ferais un film sur un gendarme, j’aurais rigolé. On a trop tendance a cataloguer les gens, à leur donner une étiquette. Mais il y a des individus dont le rôle a été, est, plus important que d’autres, des politiques par exemple, dont on parle tout le temps.
Certains individus, si on ne fait pas de film sur eux, ils ne sont pas dans l’Histoire.

[…] Sur le personnage principal, pour en savoir plus : Le gendarme Citron est mort Ajouter aux réseaux sociaux Hide Sites $$(‘div.d45’).each( function(e) { e.visualEffect(‘slide_up’,{duration:0.5}) }); […]
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Bonjour,
Voilà déjà trois ans que le gendarme Citron est décédé. Ayant vécu également sur le Caillou à peu près à la même époque que l’intéressé, c’est avec beaucoup d’intérêt et surtout d’émotion, que j’avais regardé votre reportage à l’époque de sa diffusion.
Ce gendarme (qui était l’un de mes anciens, ayant été moi-même dans la même Institution, mais en métropole) avait compris l’intérêt du contact avec la population mélanésienne ; population particulièrement intéressante et accueillante, à condition de la respecter. La communauté Kanak l’avait adopté sans difficulté car même sous l’uniforme, il était resté très humain et curieux.
Dans votre film, j’avais retrouvé la Nouvelle Calédonie telle que je l’avais connue.
En 2010, je suis retourné dans cette île lointaine. J’ai eu la très grande satisfaction de retrouver quelques amis (es) sur la Grande Terre, comme dans les iles. J’espère bien y retourner !
Par ces propos, je voulais moi aussi, rendre un hommage à ce grand ancien, de même qu’aux habitants du Caillou.
Bien cordialement.
A.Menigoz
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retraité moi aussi de la Gendarmerie, je suis actuellement venu à Nouméa voir mon fils et sa famille, ils m’ont envoyé avant de venir le dvd du Gendarme Citron, cet homme est d’une grange humanité émouvante, j’ai toujours conçu la Gendarmerie ainsi, le contact avec l’habitant, hélas qui se perd. Le Gendarme Citron est vraiment quelqu’un de bien qui m’a beaucoup touché, c’est bien qu’on ne l’ait pas oubliè,c’est un vieux de chez nous m’ont dit des Kanaks de Lifou, le terme vieux dans leur langage est honorable et non péjoratif. Merci Mr Citron
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