Un souffle indécis
frémissement de plumes
d’ambre et de flou
Pour apprécier cet haïku, allez sur le blog d’Ossiane, découvert à l’instant, L’Œil ouvert, faits de haïkus et de calligrammes, de poésie et de photos, fort bien vus…
Un souffle indécis
frémissement de plumes
d’ambre et de flou
Pour apprécier cet haïku, allez sur le blog d’Ossiane, découvert à l’instant, L’Œil ouvert, faits de haïkus et de calligrammes, de poésie et de photos, fort bien vus…
L’extrait : Ce n’est pas en exigeant de l’écrivain imaginatif qu’il traite de » jolies choses » que le lecteur mécanique interfère dans la production de chefs-d’œuvre, mais bien par sa propre incapacité à discener les » jolies choses » dans un livre, aussi formidable soit-il, dès qu’une difficulté se présente à ses yeux. Pour ceux qui envisagent la littérature comme une critique de la vie, rien n’est plus déconcertant que cette incapacité à distinguer l’idée directrice d’un livre – sa valeur technique et imaginative considérée comme un tout — de ses caractéristiques purement factuelles.
Le livre : Le vice de la lecture, Edith Wharton, 1903, éd. française Les éditions du Sonneur, 2009, 38 p. traduction de l’américain par Shaïme Cassim.
Tout est en désordre .
Epuisant et nécessaire !
Une variante de l’inventaire, comme vu jeudi dernier, ou du compotier de friandises littéraires, ajoutons la liste de » poncifs de mots croisés « .
» Fraindises littéraires « , titre emprunté au livre de miscellanées de Joseph Vebret, publié par Ecriture :

Auquel nous devons ajouter le déjà cité de Charles Juliet, Ces mots qui nourrissent et qui apaisent (P.O.L)
Aux livres de listes qui puisent dans les bibliothèques (de Perec à Dantzig), les poncifs de mots croisés seraient les friandises du pauvre, un genre à part entière… Vous savez ces mots rares que l’on retrouve fréquemment dans ces jeux de grilles sans graisse (il passe à Saint-Omer —› Aa). Et même si l’on est pas cruciverbiste, on appréciera le site mots-croisés.ch.
Incipit de ce dictionnaire farfelu mais utile pour les amateurs :
| aa | Coulée de lave à Hawaï |
| Aa | Fleuve côtier du Nord Il passe à Saint-Omer Premier cours de géographie |
| Aar | Fleuve suisse Affluent du Rhin Cours et massif |
| Aare | Variante de « Aar » |
| Aaron | Grand prêtre Hébreu Frère aîné de Moïse |
| ab | Bonne note Mention honorable |
| abc | Première connaissance élémentaire Enfance de l’art |
Depuis son exit forcé, éhonté, de l’antenne télé du service public, on n’avait plus de nouvelles de Frédéric Ferney, animateur d’une émission littéraire plus que décennale. Chassé sans égards, il réapparaît par blog interposé, et ouvre la fenêtre du Net. D’un écran l’autre, Bateau livre oblige, son blog prend le nom de Bateau libre. Le livre est libre, c’est sûr, le bateau ne l’a pas été.

Son premier billet daté de ce jour, est dédié à Madame de Lafayette, auteur de La Princesse de Clèves (sur la question du Président et de la Princesse, une fable qui date de 2006, sans compter les versions ultérieures, lire Rue89 en cliquant ici) :
» La page est tournée, je continue le combat, car seul le combat existe.
Mon seul dessein sera de partager avec vous des émotions intimes. La haine de la littérature sévit un peu partout en France, pas seulement à la télévision. Il faut donc se battre.
Je dédie le premier numéro de ce blog à Madame de La Fayette, l’auteur du premier roman d’amour et d’analyse français, « La Princesse de Clèves », qui fait si peur à notre Président. Que cela puisse aujourd’hui paraître une provocation ou un acte de résistance en dit long sur nos renoncements. «
On souhaite bienvenue à Frédéric Ferney dans la blogosphère littéraire.
Côté pile, comme » positif » : en France, le nombre moyen de livres par foyer serait de 156 ; le temps moyen de lecture des livres serait de 38 minutes par jour.
Côté face, comme » négatif » : 39% des foyers possèdent plus de 100 livres, autrement dit : 6 ménages sur 10 possèdent moins de 100 livres ; et si la moyenne de lecture des livres est de 38′ par jour, cette occupation ne vient qu’en sixième position après regarder la télévision (3h07′), naviguer sur Internet (2h17′), écouter la radio (1h20′), voir ses amis ou sa famille (59′) ou écouter de la musique (54′).
Cette enquête » Les Français et l’entertainment » (sic) a été conduite par l’institut GfK. Le site Bibliofrance en donne quelques détails, mais pas tous…
Quels livres sont-ils lus ? Mais où ? Et comment ?
Moins de 100 livres par foyer pourrait paraître peu. Sauf si chacun a su composer sa bibliothèque idéale. Quant au 38′ de lecture quotidiennes, cela paraît -pour une moyenne- beaucoup, non ?
A noter que la dernière étude décennale sur les pratiques culturelles, actuellement en cours de dépouillement par les sociologues du ministère de la culture, devrait être publiée en mars 2009.
En attendant, méditons ce mot d’enfant : » Où je suis quand je lis ? « , rapporté par Claude Ponti, auteur célèbre d’albums, interpellant son interviewer du Monde 2, Frédéric Potet, le 6 décembre dernier : » Trouvez-moi un écrivain majeur, mature, reconnu -même moyen à la rigueur – qui soit capable de poser une telle question ! «
A signaler la naissance d’une nouvelle revue de théorie littéraire en ligne : Interférences littéraires , lancée par l’Institut de Littérature de l’Université catholique de Louvain (Belgique). La littérature y sera interrogée dans la variété de ses interactions avec les multiples formes de discours qui l’environnent. Le premier numéro est intitulé « Ecritures de la mémoire ».
A noter, entre autres, l’article de Christophe Meurée, Baratin et bouche cousue : Mensonge, vérité, silence dans les
théâtres de Marie NDiaye et de Bernard-Marie Koltès, présenté ainsi : » Le renouveau de théâtres contemporains comme ceux de Marie NDiaye et Bernard-Marie Koltès réside, notamment, dans une mise en oeuvre déclarée et assumée du mensonge. À travers une lecture de Quai Ouest (Koltès) et de Providence (NDiaye), cet article montre comment, dans ces dramaturgies, la fable se déconstruit à travers un partage de voix discordantes, dont aucune n’est en mesure de prendre le pas sur
les autres, etc. «
Read est le nom d’un club de lecture, dont la naissance est annoncée pour ce dimanche 23 novembre, 14h, » qui s’intéresse aux auteurs d’origine africaine, caribéenne, afro-américaine, afro-européenne « . Read se réunira tous les deux mois pour » partager des impressions « sur un livre. Le premier titre choisi est Tant que je serai noire, de Maya Angelou (Les Allusifs) [Papalagui, 4/11/08]. » Afro, donc communautaire ?, » Non, répondent les organisateurs, les auteurs débattus n’évoquant pas uniquement » l’esclavage ou la négritude « , dit-on sur le site de Read. Bon vent aux readers et readeuses !
De Maya Angelou, noter la première traduction en français par Lori Saint-Martin et Paul Gagné pour les éditions québécoises Les Allusifs de Tant que je serai noire, initialement publié aux Etats-Unis en 1981. Ce quatrième des six voluimes de ses mémoires est présenté comme » roman « .

Note de l’éditeur :
Figure emblématique de l’histoire des États-Unis, Maya Angelou s’est engagée corps et âme dans le vingtième siècle américain. Tant que je serai noire est le récit de sa vie à partir de 1957 lorsque, décidée à devenir écrivaine, elle part avec son fils, Guy, pour rejoindre Harlem, épicentre de l’activité intellectuelle des Noirs américains. Elle participe aux bouleversements de l’époque et rencontre des artistes comme Billie Holiday et James Baldwin, et les leaders du mouvement des droits civiques, Malcolm X et Martin Luther King. Enfin, conquise par Vusumzi Make, combattant pour la liberté et les droits des Noirs d’Afrique du Sud, elle part vivre en Afrique, théâtre des luttes anticolonialistes, où elle devient journaliste. Ce récit est l’autoportrait d’une femme exceptionnelle qui a intégré, jusque dans les plus profonds replis de sa vie intime, une véritable révolution mondiale, culturelle et politique.
Dans la presse de ce dimanche, le JDD nous propose plusieurs opinions sur les élections américaines à venir.
De l’écrivain Douglas Kennedy : » J’espère qu’on va vers une société postraciale. »

De l’historien et démographe Emmanuel Todd, dont il faut citer la réflexion radicale (pour une part), paradoxale (pour une autre part) :
» Je serais soulagé si Barack Obama était élu. Mais il faut bien avoir en tête la question du sentiment racial dans l’histoire américaine. On ne paut pas dire : la démocratie aux Etats-Unis est formidable, mis à part un petit problème de racisme qui va être corrigé par l’élection de Barack Obama. Le racisme est le fondement même de la démocratie américaine. Le concept de race a été, aux Etats-Unis, unificateur. L’idéal démocratique s’y est affirmé contre les Noirs et les Indiens. La différence noire est ce qui a permis d’affirmer l’égalité blanche : on est tous pareils parce qu’on est tous blancs, quelles que soient nos origines. »

Emmanuel Todd prolonge cette analyse radicale [« Le racisme est le fondement même de la démocratie américaine »], par une interrogation paradoxale :
» Est-ce que l’élection du premier président noir va correspondre à un phénomène de régénération de la démocratie américaine (le mythe du système qui rebondit toujours) ou est-ce que ça va correspondre à un phénomène de dislocation de la démocratie américaine ? On ne sait pas encore. »
On ne voit pas bien où serait la dislocation, autrement que financière…

A cette vision apocalyptique de la démocratie américaine, Nicole Bacharan oppose une vision optimiste. L’historienne et politologue nous propose une progression historique, par degrés, qu’elle décrit en bonne pédagogue dans son ouvrage, Les Noirs américains, des champs de coton à la Maison blanche, aux éditions du Panama. Son précédent livre sur cette question, publié en 1994 était épuisé (Histoire des Noirs américains au XXe siècle).
Le livre est divisé en six parties, dont les titres sont en progression :
Extraits :
1. Esclaves :
(Après l’abolition de l’esclavage en 1865) « … il fallait, pour s’assurer une main d’oeuvre à bon marché et maintenir dans la soumission une race méprisée [ » Maintenir le Noir à sa place « , selon les tenants de la Confédération], inculquer irrévocablement aux Noirs la notion de leur infériorité, et donc interdire toute relation d’égalité entre les races. Par la violence mais aussi par la loi, le Sud imposa alors un système social fondé sur la stricte séparation raciale : la ségrégation. »
2. Gens de couleur (le temps de la ségrégation) :
En 1944, une équipe de chercheurs, dirigée par l’économiste suédois Gunnar Myrdal, avait publié le résultat d’une grande enquête sur le problème noir aux Etats-Unis, An American Dilemna (…) qui étudiait à la loupe le dilemme dans lequel se débattaient les Américains blancs, tiraillés entre leurs principes égalitaires et l’oprression qu’ils imposaient aux descendants d’esclaves. An American Dilemna contribua considérablement à exposer aux yeux du monde les contradictions de la démocratie américaine. »
6. Américains (vraiment) :
Citant le discours de Barack Obama sur la race (Philadelphie, 18 mars 2008), Nicole Bacharan écrit p.480-484 :
» D’emblée, Barack Obama se situait au-delà de la barrière raciale. Il rappelait comment l’héritage de l’esclavage et de la ségrégation avait enfoncé des générations de Noirs dans la pauvreté, et nourri une vision paranoïaque d’une Amérique qui ne voulait pas d’eux. Mais dans le même temps, il reconnaissait la légitimité du ressentiment des Américains blancs, fils d’immigrants partis de rien, à qui l’on demandait de réparer des injustices du passé dont ils n’étaient pas responsables (…)
Oui, l’Amérique, en quelque quarante ans, avait accompli un parcours qui la portait loin en tête devant bien des pays occidentaux, ceux qui, il n’y a pas si longtemps, pointaient encore du doigt son racisme pathologique. L’Amérique clamait solennellement sur les écrans de tous les continents que les Noirs étaient – enfin ! – des Américains comme les autres. (…)
L’égalité raciale, comme la démocratie et la lutte contre la pauvreté restaient des combats, des chantiers en perpétuelle évolution (…) Ce qui était en train de mourir doucement, c’était la maladie chronique qui avait rongé pendant des siècles l’esprit de certains Américains, notamment au sud du pays, leur obstination viscérale à considérer les Noirs comme des êtres humains inférieurs à eux, jusqu’à vouloir les asservir, parfois les lyncher. «