Le collectif « La Palestine sauvera le cinéma » qui s’est réuni à Lussas lundi 18 a appelé « à prendre la Palestine comme centre et point de départ de ce que le cinéma permet » et à « dépasser la vieille question de « Que peut le cinéma ? » en utilisant ces moments collectifs que sont les festivals pour organiser des actions concrètes de solidarité avec le peuple palestinien. »

L’affiche déployée dans la cour de l’école puis près de la librairie du festival a bien un pouvoir d’interpellation. Et chaque prise de parole dans les débats entre participants montre surtout un désarroi contre lequel chacun résiste. Quand bien même les États et la prétendue communauté internationale ne montrent que leur impuissance depuis près de deux ans, le citoyen lambda, qu’il soit cinéaste, spectateur ou justement citoyen ne se résout pas à l’inéluctable.
Mercredi matin, le chapiteau SCAM (Société civile des auteurs multimédia), est plein à craquer pour With Hassan in Gaza (مع حسن في غزة), qui vient d’être présenté au Festival de Locarno (production Palestine, Allemagne, Suisse, France, Qatar).

[Image extraite du film With Hassan in Gaza (مع حسن في غزة), de Kamal Aljafari]
Montrant des images de Gaza en 2001, miraculeusement récupérées par le réalisateur Kamal Aljafari en 2025, le film se déroule façon road-movie traversant la bande de Gaza du Nord au Sud. Le narrateur est à la recherche d’un ami rencontré en prison. Le spectateur n’a pas d’autre choix que de superposer les images d’aujourd’hui, de destruction et d’anéantissement, à celles d’hier. With Hassan in Gaza semble prémonitoire.
Dans la salle de L’imaginaire on commence à avoir mal aux fesses sur les chaises en plastique. On reste car la collection « Expériences du regard », va présenter un court-métrage qui trouve une forte résonance dans l’actualité syrienne.

Les Vergers (« Al Basateen ») d’Antoine Chapon montre l’accablement des habitants d’un quartier de Damas, riche en vergers, punis pour s’être soulevés contre le régime de Bachar el-Assad. Le quartier est rasé au profit d’une ville nouvelle, Marota City. Le film prend sa véritable dimension quand les slogans anti-régime sont projetés en mode animation sur les murs de béton et de verre de la nouvelle cité. Une projection sur les écrans des monteurs du film. On imagine la force d’une telle image dans la réalité d’el-Assad…
Coïncidence : on apprend par le quotidien Le Monde du 20 août que le nouveau pouvoir syrien veut achever la construction de ce quartier, « pourtant bâti sur la corruption et la mauvaise gestion », qui a éradiqué le présent et le passé tout à la fois des habitants d’Al Basateen.

