Paris est une jungle !

Paris déploie la culture animale dans un triptyque à La Grande Halle de la Villette, et bientôt au musée Dapper et au musée du Quai-Branly.

 La Grande Halle de la Villette présente l’exposition, Bêtes et Hommes, jusqu’au 20 janvier.

On apprécie le témoignage du gardien du Jardin des Plantes qui raconte comment Wayana, la femelle orang-outang, aimait délacer les souliers humains, puis comment elle s’est découvert une passion : les noeuds. Ce qui questionne son intelligence… et notre regard sur l’animal.

On est interloqué par les dix-huit bocaux contenant une grenouille formolisée,  » vêtue  » d’un… maillot de bain. Ou encore, dans le même registre, des alignements de bocaux contenant des animaux en peluche…

On est admiratif devant les « cultures animales « , comme ces macaques du Japon qui ont pris l’habitude de se prélasser dans les bains naturels chauds et les dauphins d’Amérique qui chassent en groupe, poursuivant leur menu fretin jusqu’au rivage, où il s’échoue. A l’issue d’une véritable chasse à courre nautique… ils le croquent.  

On apprécie l’éclairage sur la conception du monde des Amérindiens wayãpi, où l’aller-retour homme-animal est permanent. 

On reste sur notre faim : point de combats de coqs mis à la question, d’arènes tauromachiques sous le feu de l’actualité, alors que, bien entendu l’ours des Pyrénées a droit à ses partisans et à ses détracteurs.

On a envie de se replonger dans la mètis grecque faite de ruse et d’adresse, de lire le dernier roman d’Eric Chevillard. On pense à Alain Mabanckou et à ses Mémoires de Porc-Epic, ou au succès de l’été, signé Muriel Barbery, L’élégance du hérisson.


  Final de compte, l’expo est assez centrifuge. Au lieu de nous recentrer sur les petits espaces qu’elle nous mènage dans cette grande ménagerie de la Grande halle, elle nous propulse vers l’extérieur, vers d’autres lectures ou vers le programme environnant, des documentaires, des débats. Tel Allons enfants de Camopi, l’horizon amérindien de Yves de Peretti, projection prévue les mercredis à partir du 14 novembre.  » En Guyane, des Amérindiens teko et wayãpi, citoyens français désemparés, parlent de leurs problèmes, de la déperdition de leurs valeurs et du souci de conserver leur culture. La création du Parc national de Guyane les préservera-t-elle des ravages liés à l’arrivée brutale de la modernité ? «  
Le musée Dapper proposera l’exposition Animal, à partir du 11 octobre. Vocation du musée oblige, c’est l’Africain et son dialogue avec les animaux qui en est le prétexte… Masques, figures cultuelles, objets de dignité et parures, quelque cent cinquante pièces sont les témoins vivants de la présence animale dans les œuvres, ses codes et ses symboles.  

Kwele Congo - Masque bois et pigments - H. 55 cm - © Musée Dapper Paris - Photo Mario Carrieri - 128.8 ko 

Pendant dix jours, à partir du 20 décembre, le musée du Quai-Branly développe la thématique du corps, avec un premier cycle de spectacles qui met à l’honneur le corps animal. « Ce cycle renvoie au chamanisme et aux besoins premiers de l’homme de s’accaparer la force et la puissance de l’animal, de l’imiter, de le diviniser. »

Quel programme !

 

Rituel Abakua du Nigeria à Cuba : Les masques des hommes léopards Efiks

 » Les anciens chasseurs Efiks Ibo, Ibibio et Ijaw, les hommes léopards du sud-est nigérian, affrontaient par des danses rituelles masquées les mystères de la nuit et s’appropriaient la force de la jungle. Confrontés à l’esclavage, ceux que l’on appelait aussi les Carabali ou Brikamo débarquèrent à Cuba en 1762. Les Efiks prolongeront ce rituel Abakua à Cuba jusqu’à nos jours. C’est pour la première fois en Europe la rencontre du rituel Abakua nigérian et cubain, avec une multitude de masques et de parures extravagantes, qui ont évolué au cours des siècles. « Ces hommes léopards seront suivis d’une évocation « corps et graphique» du tigre et du lion en Inde du Sud et du rituel des dieux-serpents Naga par les bardes Pulluvan du Kerala.