Olga Tokarczuk est une conteuse (…) À Stockholm, il y a un an, elle a commencé son discours de réception du Nobel 2018 par une histoire personnelle. Celle d’une photo de sa mère, d’une jeune femme inquiète assise près d’un poste de TSF, « le regard dirigé vers un point hors cadre », sous une lumière douce : « Enfant, je croyais que maman regardait le temps. » Et lorsqu’elle interrogeait sa mère, celle-ci lui répondait « qu’elle était triste parce que je n’étais pas encore née et que je lui manquais ». Ce bref échange lui donna des forces « pour toute la vie », « ce que jadis l’on appelait une âme », confia- t-elle. Ça l’a dotée « d’un tendre narrateur, le meilleur du monde ». »
Jean-Yves Potel, En attendant Nadeau, 24/11/2020