Dany Laferrière, un écrivain japonais en pyjama à l’Académie

Effusion collective, entre jeunes Haïtiens et le plus jeune des académiciens, Dany Laferrière, à la Fokal (Fondation Connaissance et liberté, Port-au-Prince, Haïti) après son élection à l’Académie française le 12 décembre 2013. Ils scandent « Nou pran yo » (On est des champions) ! (c) Fabienne Douce, Fokal

En entrant à soixante ans à l’Académie française, en étant élu au premier tour par 13 voix sur 23, l’écrivain québecois et haïtien Dany Laferrière entame une seconde vie sous de tonitruants auspices. Il était le favori. Il est le plus jeune des Immortels, il fait entrer avec lui Haïti au Quai Conti, c’est-à-dire au cœur de l’institution de la langue, celle qui par le passé semblait devoir dicter et distinguer le vrai français du faux. Laferrière n’a pas l’esprit de sérieux, ce qui plairait à Sartre : il est tantôt écrivain japonais (Je suis un écrivain japonais, Grasset, 2008), tantôt en pyjama (Je suis un écrivain en pyjama, Grasset, 2013). Il s’est fait connaître par un roman au titre gag qui en laissa plus d’un pantois (Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, 1985). C’est comme un pied-de-nez à l’étiquette et à l’establishment intellectuel.

Déjà en entrant au Larousse il y a peu, il était tout ébaudi. Le Prix Médicis (pour L’Énigme du retour en 2009) a tenté le coup de la provoc avec panache. Il a déjà déclaré qu’il ne changerait pas ses habitudes pour venir vivre en France. A vrai dire, il vit dans les avions entre son île, son Québec et le reste du monde.

Serait-ce l’Académie qui effectuerait sa révolution alors que son influence et les « Belles lettres » se sont émoussées ? « C’est un grand jour pour l’Académie et pour la langue française », affirme-t-on Quai Conti. Là où Césaire et Glissant ne sont pas entrés, un écrivain haïtien fait briller les Caraïbes sous la Coupole…le jour où une plaque d’hommage à Césaire est dévoilée à l’École normale supérieure.

Voir une biographie et les réactions enthousiastes des écrivains haïtiens au premier salon du livre de Port-au-Prince. Et Radio-Canada.

Couronnement de Dany © Laure Morali

À lire le reportage de Valérie Marin La Meslée dans Le Point : Dany Laferrière, un immortel à Port-au-Prince.

Et le poème de James Noël pour « Dany Roi » :

Dany Wa

sa pa fè twò lontan

yon kolye timoun

te fè wonn nan yon vil

pou kouwoune

Dany wa

 

Akami frasèz resevwa mesaj la

yon bann timoun fè wonn

grann Da

pou di ti gason lafèryè sa-a

se yon sitadèl

literati deklete ak lajwa

 

Ayiti dekrete

misye laferyè sa-a se yon sitadèl

laferyè se yon sitadèl

wololoy

wololoy.

Traduction française sur Médiapart.

 

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