Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée (1889), Musée d’Art Moderne, New York.
En revenant de ce dimanche de balade à Brazzaville, au marché Total avec quelques clichés de singe sur un étal de boucher, de chauves-souris vivantes mais entravées sur un autre, de chenilles grillées au goût d’apéritif, accompagné d’Yvanovitch me montrant tantôt des silures vivantes tantôt des silures cuites en brulis, mets rare dit-on, achetant un modeste mais obstiné livret de « lingala facile » à une librairie-par-terre, en rendant visite à Félix Konongo au Rond-Point Bifouiti en sa galerie de statuettes en bois (ouengué ou bois de fer, ébène gris, ébène noir, bois d’or, kopterist), en poursuivant la journée parmi les sapeurs de la Main bleue au son de la musique de Papa Wemba balancée à tue-tête par le « DJ Sarkozy » (ça ne s’invente pas) alors que ces pavanements ne semblent là non pas pour un public mais pour eux-mêmes dans leur sidérante ostentation narcissique, pourtant érigée en motif de sortie dominicale, et en finissant la soirée à Bacongo sur le fleuve face à Kinshasa depuis le panorama de douceur éthérée où des gardiens armés se détachent en silhouette intranquille, et après discussion amicale sur l’état des lieux culturels confinés à une léthargie routinière depuis des années, René Char est l’unique pensée inconsolante qui me vient, tant la blessure liquide de 3 kilomètres d’une rive à l’autre, qui sépare les deux capitales de deux pays de même nom, s’écoule semble-t-il paisiblement malgré les trafics nocturnes par pirogues minuscules à cette hauteur, les guerres aux cicatrices encore marquées ici, encore terriblement actives là-bas, comme si le Congo était la blessure la plus rapprochée du soleil.
Bonjour Christian,
En te lisant tout a l’air si tranquille sur les deux rives du congo…
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