Avant de partir en résidence d’écriture aux États-Unis, l’éditeur et écrivain mauricien Barleen Pyamootoo [Bénarès (1999) et Le Tour de Babylone (2002), deux romans chez L’Olivier] a accordé un entretien au Mauricien (27.08.12). Extrait :
« Aujourd’hui le monde a changé, on peut vivre dans le plus petit village du monde et voir son texte être publié. En ce moment il y a Bertrand de Robillard qui vit ici et qui est publié en France. Il y a aussi Alain Gordon Gentil, Shenaz Patel, Carl de Souza, Akeel Gopee. Les données ont complètement changé, notamment avec les jeunes qui sont dans l’écriture-monde. Ils ont dépassé le colonialisme. Ils ont dépassé le post-colonialisme. Ils sont dans quelque chose de très moderne. Leur monde n’est pas nécessairement celui de Maurice. Françoise Lionnet l’a dit dans le cadre de la préparation de son livre « Cosmopolitique créole pour l’océan Indien » [voir Papalagui, 11.08.12].
Qu’est-ce que vous comprenez par écriture-monde ? Est-ce que vous estimez que les Mauriciens sont trop nombrilistes ?
Pas du tout. En littérature on dit que ce qu’il y a de plus universel, c’est le trou du cul du monde, c’est-à-dire, le village le plus retiré comme dans « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez. C’est « Une maison pour M. Biswas » de V.S. Naipaul c’est-à-dire dans un endroit complètement retiré qui est véritablement universel. Ce n’est pas New York, ce n’est pas Paris. Ce sont les quartiers de Dublin comme dans James Joyce. Ce que je suis en train de dire c’est qu’on peut être insulaire, on peut vivre dans le village le plus retiré de Maurice ou dans le quartier le plus défavorisé de l’île, ce qu’on écrit, ce qu’on pense n’en tend pas moins à l’universel. On n’est pas universel parce qu’on vit à Paris ou à New York, on l’est parce qu’on porte une condition humaine en soi, ou l’humanité tout simplement. »