La chronique n°4 (France Ô, InfoSoir, 18h30, 14/10/11) marque le cinquantenaire du 17 octobre 1961 en cinéma, livres, colloques, etc.

1. En cinéma, le documentaire Ici on noie les Algériens 17 octobre 1961 de Yasmina Adi revient sur la répression sanglante d’une manifestation pacifique d’Algériens à Paris quelques mois avant la fin de la guerre d’Algérie. Il sortira dans une trentaine de salles le 19 octobre.
A signaler la sortie d’Octobre à Paris de Jacques Panijel. Séances.

2. L’édition marque les 50 ans de cette ratonnade à plus d’un titre. Meurtres pour mémoire de Didier Daeninckx, grand polar politique, publié en 1984, Grand Prix de Littérature Policière (1985) fait l’objet par Futuropolis d’une réédition illustrée par Jeanne Puchol (voir son blog BD) :

© Puchol/Daeninckx/Futuropolis/Gallimard
Le 17 octobre des Algériens (La Découverte), de Marcel et Paulette Péju, est un texte inédit qui devait paraître à l’été 1962.

Il est complété par La triple occultation d’un massacre de Gilles Manceron, selon qui « trois facteurs ont contribué à la « dissimulation d’un massacre » : la négation et la dénaturation immédiates des faits de la part de l’État français, prolongées par son désir de le cacher ; la volonté de la gauche institutionnelle que la mémoire de la manifestation de Charonne contre l’OAS en février 1962 recouvre celle de ce drame ; et le souhait des premiers gouvernants de l’Algérie indépendante qu’on ne parle plus d’une mobilisation organisée par des responsables du FLN qui étaient, pour la plupart, devenus des opposants. Trois désirs d’oubli ont convergé. Ils ont additionné leurs effets pour fabriquer ce long silence. »
L’historien Gilles Manceron préface par ailleurs un recueil de textes, circulaires, notes de police, dans Le 17 octobre 1961 par les textes de l’époque, coordonné par l’association « Sortir du colonialisme », postface d’Henri Pouillot, Éd. Les petits matins, 128 p.
Avec La police parisienne et les Algériens (1944-1962) (Nouveau monde éditions), l’universitaire Emmanuel Blanchard remonte à 1944 et au « problème nord-africain », selon la terminologie policière, pour éclairer la répression dirigée par Maurice Papon, à l’époque préfet de police de la Seine (condamné en 1998 pour complicité de crime contre l’humanité pour son rôle sous l’Occupation, comme secrétaire de la préfecture de Gironde, dans la déportation des Juifs de Bordeaux).
Commémoration de ce cinquantenaire à Nanterre, ce vendredi avec le documentaire de Yasmina Adi en avant-première et un colloque ce samedi 15. Programme sur le site de la ville de Nanterre.
La Ligue des droits de l’homme et l’association Au nom de la mémoire organisent un colloque intitulé « Le 17 octobre 1961 : 50 ans après, la nécessaire reconnaissance » (avec les historiens Emmanuel Blanchard, Jean-Luc Einaudi, Gilles Manceron, Mohammed Harbi, Jim House, Neil MacMaster, Alain Ruscio, etc.), samedi 15 octobre de 13 h à 17 h, Assemblée nationale, salle Victor-Hugo, 101, rue de l’Université, Pari VIIe. Inscription obligatoire.
Voir aussi le site du quotidien L’Humanité.
Médiapart lance un appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961
Voir la programmation de France-Culture.
Le Collectif 17 octobre 61 demande « Vérité et justice », c’est-à-dire « que les plus hautes Autorités de la République reconnaissent les massacres commis par la Police Parisienne le 17 octobre 1961 et les jours suivants, comme un crime d’Etat« .
Voir le programme du Maghreb des films (16 au 25 octobre 2011 à Paris).
L’AMAL, Association pour la mémoire algérienne, commémore le 17 octobre à l’esplanade de la Défense, lundi à 17h30.
L’histoire coloniale de la France et de l’Algérie sera marquée ce 17 octobre par une soirée à Paris, autour de Frantz Fanon, mort il y a 50 ans, année de la parution des Damnés de la terre, au Duc des Lombards, un célèbre club de jazz qui recevra le musicien martiniquais Jacques Coursil et le rappeur Rocé, lui-même né à Bab El-Oueb, pour une émission de la radio TSF Jazz à 19h.
3. En musique, parmi l’actualité du festival Banlieues tropicales, dans l’Essonne, signalons le concert du groupe guadeloupéen Soft… une « anomalie » dans le paysage musical antillais, qui se produit ce vendredi 14 à Sainte-Geneviève des bois, et ce samedi 15 à Palaiseau.

Merci beaucoup !
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L’histoire de la présence algérienne en France est sortie des chantiers de manoeuvres basanés aux marteaux piqueurs sous la pluie avec les manifestations sanglantes d’Octobre 1961.De là à confiner cette histoire à un rapport de forces entre français et algériens ne serait pas crédible,et les historiens y ont veillé! Néanmoins l’autre histoire avec ses réminiscences invite à d’autres chantiers d’investigation pour fixer les témoignages d’une mémoire orale que ne néglige aucunement la littérature .Celle de la guerre impitoyable que se livrèrent FLN et MNA dans l’hexagone….
Un extrait du livre « Le sanglier d’Hippone » paru janvier 2011 aux éditions Aparis et Edilivre,page 25 « »…Et lorsque MNA et FLN s’affrontent dans les grandes villes françaises mais aussi sur les chemins de campagne à la Mat 49 et en traction noire,c’est la Saint Valentin du Chicago des années vingt qui débarque en Gaule…Les frères ennemis n’épargnent même pas les cimetières où tombent les partisans des uns et des autres sous le regard d’imams déculturés… » »
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Je vous signale la réédition de l’ouvrage : » Les ratonnades d’octobre ». Par Michel Levine
Editions Jean-Claude Gawsewitch 2011.
En octobre 1961. A Paris, en pleine guerre d’Algérie, Maurice Papon, préfet de police et chef de la répression, instaure un couvre-feu pour les Algériens, citoyens français de seconde zone : chasse au faciès, interpellations systématiques, bouclages de quartiers, etc. Les conditions de vie deviennent infernales pour des milliers d’hommes et de femmes.
En protestation contre ces mesures qui rappellent l’occupation nazie, le F.L.N. organise le 17 octobre une manifestation pacifique. Aussitôt, Papon « chauffe ses troupes ». La machine à tuer est en marche…On retrouvera des centaines de cadavres dans la Seine.
Le crime commis, c’est le grand silence de la part des autorités et des médias, un mutisme absolu qui durera longtemps. Pour la première fois, on dévoile ce qui était ignoré de l’historiographie officielle ou soigneusement refoulé. L’auteur s’est livré à une véritable enquête, interrogeant victimes, avocats, témoins.
Michel Levine revient sur cette période tragique de l’Histoire à l’occasion du 50e anniversaire des évènements d’octobre 1961.
Michel Levine est historien des Droits de l’Homme. Il a notamment publié chez Fayard Affaires non classées (Archives inédites de la Ligue des Droits de l’Homme).
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