Haka, tatouages et Kiwis

Yeux exhorbités, souffle puissant, posture belliqueuse, un groupe d’hommes (tatoués mais non armés) entonne un chant guerrier et intimidant, défi à un adversaire muet. Comme France 2 avait sous-titré les paroles, on était prévenu. Et pourtant ! Le haka des All Blacks a préfiguré une victoire écrasante sur une équipe de France : 47 à 3.  

Le haka est une danse maorie créée au XIXe siècle. C’est en 1987 seulement que l’équipe néo-zélandaise de rugby l’a fait sienne. Une équipe composée de blancs et de polynésiens. Un beau symbole où deux rituels se suivent, l’un culturel, l’autre sportif. Pour répondre au haka, il faut être Tongien, Samoan ou Fidjien. Ainsi sur ce site, un enregistrement présente deux haka face à face, mais à la fin ce sont toujours les mêmes qui gagnent !  http://media2.koreus.com/00040/200508/haka-all-blacks-vs-tonga.mpg

belles-etrangeres.jpg A partir de ce 13 décembre 2006, onze écrivains kiwis seront invités en France dans le cadre des Belles étrangères pour lire et présenter leurs oeuvres. On ne sait pas si les lectures seront précédées d’un haka. La littérature antipode pourrait cependant nous réserver quelques surprises si l’on en juge par l’excellent documentaire réalisé par Michaël Smith Ecrire au pays du long nuage blanc. 

Ainsi l’auteur de L’Ame des guerriers (Actes Sud), Alan Duff, dénonce l’idéologie d’un enseignement fondé sur la seule tradition au détriment de l’accès au livre dans les classes populaires. Il insiste pour rappeler que ses ancêtres maoris « engraissaient leurs esclaves avant de les manger ».  Geoff Cush, lui, souligne que « tout Maori se doit de montrer une illustration d’un ancêtre cannibale ». Mais d’autres témoignages d’écrivains (Sia Figel ou Albert Wendt, notamment) valent le détour…

Si tant de violence effraie, il nous restera Le Clézio qui, de retour de Mélanésie, publie un récit sur l’île de Pentecôte (Vanuatu), que les tours-operateurs ont rendu célèbre pour son saut du Gaul… « On dit de l’Afrique qu’elle est le continent oublié. L’Océanie c’est le continent invisible. Invisible parce que l’les voyageurs qui s’y sont aventurés la première fois ne l’ont pas aperçue, et parce qu’aujourd’hui elle reste un lieu sans reconnaissance internationale, un passage, une absence en quelque sorte. », écrit Jean-Marie Gustave Le Clézio en préambule de Raga, approche du continent invisible (Le Seuil).

Laisser un commentaire