En cheminant avec Glissant, en ce jour anniversaire de sa mort, il y a huit ans, le 3 février 2011, je tombe, au hasard dans cette bibliothèque qu’il constitue de sa haute stature, sur ces quelques lignes, soulignées lors d’une lecture antérieure – c’eût pu être d’autres, mais ce sont celles-ci même, que j’imagine écrites pour moi :
« Aussi bien, plutôt que de vous déchirer entre ces impossibles (l’être aliéné, l’être libéré, l’être ceci l’être cela,) convoquez les paysages, mélangez-les, et si vous n’avez pas la possibilité des avions, des bateaux, ces pauvres moyens des riches et des pourvus, imaginez-les ces paysages, qui se fondent en de plusieurs nouveaux recommencés passages de terres et d’eaux. Ce train qui trace dans la banlieue de Lyon, poussez-le à un autre impossible mais bien plus ardent, la bousculade entre les hauts et les fonds de tant d’environs et de lointains. »
« Édouard Glissant, Tout-Monde, roman, p. 274-275, Gallimard, 1993