Un cri traverse la ligne :
Bon-courage-bonne-année !
Ligne 2 du métro
Une femme
Démarche claudicante
Pliée en deux
Pieds nus,
Pieds luxés,
Un bonnet de laine épaisse sur ses yeux masqués
Un gobelet de vieux carton à la main
Bon-courage-bonne-année !
C’est un Quasimodo surgi de la foule —
La surprise passée, ce n’est plus un cri
C’est un chant profond qui enveloppe la ligne
On détourne le regard / on donne une pièce
Bon-courage-bonne-année !
Une voix lyrique
Vous harponne
Puissante et belle
Griffe d’émotion…
La vie est un opéra
Et la mendiante
Soliste en survie
Chante misère, Oui !
La femme sauvage du métro,
Est une gueuse magnifique
Une voix au grain magique
Qui jouit de sa beauté
entourée d’un chœur muet qui se laisse traverser
— subjugué
Bon-courage-bonne-année !