En janvier dernier, les nouveaux dix mots d’un jeu annuel francophonique sont tombés :
« Les dix mots choisis invitent à partir à la découverte du français parlé dans les différents territoires de la Francophonie » : en France « chafouin » et « fada», au Québec « poudrerie » et « dépanneur », en Belgique « lumerotte » et « dracher », en Suisse « ristrette » et « vigousse », en Haïti « tap-tap » et au Congo « champagné ».
Pour ceusses qui coinceraient, les définitions sont dispensées généreusement ici. Or, comme ambassadeurs de la francophonie, on n’a pas trouvé mieux que Dany Laferrière (entré à l’Académie française en mai 2015) et Alain Mabanckou, qui vient de prononcer sa leçon inaugurale au Collège de France. Proposons ce dérivatif :
En sortant du dépanneur, faisant gaffe à pas s’étaler dans la poudrerie de l’avenue Sherbrooke Ouest en plein centre de Montréal, le nouvel académicien qu’était devenu l’ami Laferrière songeait à la ristrette qu’il s’était envoyé y a pas deux jours sur les bords du Léman. Le nouvel ambassadeur de la francophonie n’avait rien d’un fada chafouin. Il voyageait beaucoup, faisait profiter le vulgum pecus de ses nouvelles relations, très gentleman, geste que son ami Mabanckou saluait d’un « champagné ! » collégial, mot apprécié du sapeur. Cet auto-satisfecit lui laissa à peine le temps d’un rictus, qu’en rêve il se transporta à Port-au-Prince. Il sautait vigousse dans le premier tap-tap qui passait à sa portée évitant une drache tropicale qui s’affalait fissa sur les rares lumerottes du quartier.
Bon, on n’est pas loin d’un joli charabia…