C’est intense, créatif et prometteur : à suivre le travail de la jeune compagnie Damaetas qui présentait sur trois dates, les 29, 30 et 31 mai 2015, la pièce La Cuisine d’Elvis dans un lieu improbable, Le Théâtre de verre, dans le quartier de la Place des Fêtes, à Paris, XXe arrondissement.
Quatre comédiens – tous épatants – évoluent dans un vaste huis clos familial sur un plateau immense, entre les portants de vêtements de chaque côté et une penderie des vestes d’Elvis en fond de salle, Elvis la passion du père (Dad par Mathieu Métral) devenu légume sur chaise roulante suite à un accident : « Dad, tétraplégique et impuissant face à la déchéance de sa famille, prend la parole sous le straits d’Elvis un King. » écrit la feuille volante de présentation du spectacle (que l’Académie préfère à flyer dans un article digne d’être lu).
Les ingrédients de la pièce de l’Anglais Lee Hall (connu pour son scénario du film Billy Elliot en 2000) sont taillés sur mesure pour jouer la balance entre tragique et humour et ramasser la mise auprès des spectateurs. Le mari mutique ou chantant selon les scènes est notre représentant – après tout le spectateur est lui aussi mutique -, observateur qu’on déplace de scène en scène.
Sa femme (Mam, Céline Bevierre) cherche le réconfort d’un corps auprès de Stuart (Léon Cunha Da Costa) qui séduit la fille (Marie Craipeau). Les rôles féminins sont les rôles centraux autour desquels évoluent les deux personnages masculins. Dans le dialogue cru entre la mère et la fille, notons quelques scènes d’anthologie : la gâteau d’anniversaire soufflé par Dad, bougie après bougie par le souffle ténu qui lui reste ou le jeu de la séduction prépubère de la fille auprès de l’amant de sa mère.
La mise en scène de Sophie Chen respecte la place essentiel des dialogues. Elle exploite au mieux le vaste plateau offert dans ce lieu inédit où les comédiens sont à leur aise malgré le risque de s’y perdre. Des comédiens aux jeux très différents et ici judicieusement complémentaires.