Avec Internet, le lecteur part à la chasse au trésor

Ma libraire, ma voisine de quartier, Michèle, n’a pas en rayon le livre que je recherche, Hommes en guerre, d’Andreas Latzko, chez Agone, une 4ème édition de ce recueil de nouvelles pacifistes publié en Allemagne en 1917.
Voulant me rendre service – la librairie de quartier est un vrai service public, amical et disponible – elle m’oriente vers le site internet Paris-librairies. Et là, je tombe à la renverse. Le slogan qui l’accompagne – la plus grande librairie du monde- ne semble même pas une plaisanterie…
On plonge dans une vitrine puis une boutique de boutiques de livres aux couloirs infinis. Je passe de Hommes en guerre, d’Andreas Latzko, que je déniche illico à deux pas de chez moi à La grande guerre des écrivains ; d’Apollinaire à Zweig, par Antoine Compagnon, chez Gallimard (le prof au Collège de France fait les bonnes ondes d’Inter cet été avec sa série sur Baudelaire).
A chaque référence, je peux téléphoner à la librairie pour réserver le titre ou envoyer un courriel ou encore le site me propose l’itinéraire – à pied ou en voiture- pour rejoindre la librairie…
Ce bonheur inépuisable – on occulte très vite le prix des livres tellement ils sont accessibles ! – est enivrant. On continue – tout en écoutant RFI et son émission Comme en 14 sur la bataille des Dardanelles – et on va chercher sur le Net (mais c’est presque comme si on allait en librairie) Le monde sans sommeil ; la contrainte ; au bord du lac Léman, de Stefan Zweig chez Payot, on retourne sur le site pour localiser : La Jordanie contestataire ; militants islamistes nationalistes et communistes, de Pénélope Larzillière, chez Actes Sud.
Et là on descend chez Michèle la libraire (le site m’apprend qu’elle a le tome 3 des Œuvres complètes de Camus, justement celui que je cherche). Du coup, je fais ma B.A. et je lui prends le Pléiade pour plus de 70 €, ce qui n’est pas rien par les temps qui courent. C’est elle qui m’a envoyé le lien vers Paris-librairies. En achetant chez la concurrence, je l’enrichis ! D’ailleurs, elle me le confirme : les clients circulent. Elle en voit de nouveaux qui traversent tout Paris parce que sa librairie a le titre recherché. Elle en envoie dans d’autres librairies. Tout le monde trouve son compte dans cette grande circulation du livre entre librairies indépendantes. Indépendantes, c’est-à-dire hors les grandes surfaces du livre, suivez mon regard.
Du coup, Michèle me donne un autre nom de réseau, Place des libraires. Les deux sites se complètent. Ce dernier est national. Il me fait basculer sur un titre que Michèle n’a pas, Meursault, contre-enquête, de Kamel Daoud, qui donne un frère cadet à la victime du Meursault de L’Etranger. Une suite camusienne où l’Arabe de service a enfin un nom. Je pars aux « Buveurs d’encre », même arrondissement.
Bilan : quelques dizaines d’euros engagés à la découverte des librairies de Paris. Et c’est pas fini.
Ah ! J’oubliais : Michèle, c’est la librairie « Texture », dans le XIXe. Une mine.

Sur Paris-librairies et sa genèse, lire l’article de Moahamed Aïssaoui (Le Figaro, 21/03/13)

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