À quelques jours d’une Rencontre internationale d’art contemporain, organisée aux Ateliers Sahm de Brazzaville et avant de s’embarquer le 4 septembre, donc dans 30 jours, retour sur une question de formation…
« Une formation à la critique d’art à Brazzaville. » L’énoncé dans sa simplicité trompeuse oblige à peser chacun des termes clés : formation, critique d’art, Brazzaville. Qu’est-ce qu’une formation ? Qu’est-ce que la critique d’art à Brazzaville ? Qu’est-ce que l’art à Brazzaville ? Qu’est-ce que l’art contemporain à Brazzaville ?
Chacun des termes associé à un second fait entrevoir de nombreuses autres questions : une formation à Brazzaville, qu’est-ce donc ? Comment accéder à l’art quand l’accès à l’éducation est un problème quotidien ?
On pressent toute l’ampleur de l’aventure. Ce qui ne doit pas nous empêcher de nous poser des questions d’ampleur. Par exemple, au Congo, en quoi l’œuvre d’art est-elle le bruit du monde ? À moins que ces questions ne soient que des interrogations boréales.
Envisageons l’expérience comme une aventure intellectuelle ambitieuse pour soi et pour les autres. Déplaçons l’angle de vue avec le philosophe Jean-Luc Nancy, que le pédagogue Philippe Meirieu (voir son site) aime citer :
« Le formateur est celui qui, dans la transmission elle-même, donne forme à son propre savoir. Ainsi, tout en transmettant une « information » il donne l’exemple de l’activité formatrice. Cela ne veut pas dire qu’il se donne comme modèle, mais qu’il se présente comme une figure singulière – une forme – en face de laquelle peut se constituer une autre figure. Il transmet ainsi son rapport à la vérité bien plus que la vérité. Et la possibilité pour l’autre, de se construire en se donnant sa propre forme… et en formant, à son tour, d’autres êtres humains. »
À hauteur d’homme, acceptons l’enjeu, ni plus ni moins. Car la forme [un radical de formation souvent oublié] du formateur rejoint la forme au sens esthétique…
Demandons à Jean-Christophe Bailly qui, comme le résume son éditeur, Manuella éditions, « interroge le rapport entre un objet ou une œuvre et sa forme, pour finir par remettre en cause cette attitude de nos sociétés de consommation qui sacralise certains objets au détriment d’autres qui seraient triviaux. Car la forme est le fruit d’une pensée, d’une évolution qui s’inscrit dans le devenir du temps humain et dans l’instabilité du mouvement et l’impermanence du monde.
La pensée de Jean-Christophe Bailly se développe au carrefour de la philosophie, de l’esthétique, de l’histoire de l’art et des techniques. À la manière des humanistes, son sujet est l’occasion de donner à penser et à comprendre le monde.»
Il ne reste plus qu’à déplacer les questions d’esthétique et de formation au Congo, qui est quand même un lieu central dans l’histoire du monde.