La poésie de la vie (Edgar Morin en Martinique)

Lu sur le site Inter-entreprises.com, du Conseil Régional de la Martinique un compte-rendu d’une conférence d’Edgar Morin, prononcée mardi 27 décembre. Le sociologue de la complexité (Science avec conscience, 1982) invité par Patrick Chamoiseau, dans le cadre des travaux du Grand Saint-Pierre, a évoqué la nécessité « d’entrer dans poésie de la vie » :

Le « monde s’achemine plutôt vers un progrès incertain (…) La mondialisation est un formidable accélérateur du phénomène. Que sera demain ? La réponse à cette question simple paraît d’autant complexe qu’elle doit mêler, doit « tisser ensemble » des éléments jusqu’alors pensés séparément. La crise actuelle est en effet multiforme : économique, mais aussi démographique, politique, psychologique…
D’où la nécessité de la métamorphose. Métamorphose de la pensée, de la communauté, du social, du vivre ensemble, de l’approche de l’environnement…
Le but ne peut plus être le bien-être, mais le bien-vivre. Ce bien-vivre nécessite de passer de la “prose de la vie”, c’est-à-dire se contenter d’effectuer ces tâches, ces actions, conduisant à occuper le temps et l’esprit, souvent sans y réfléchir, pour se concentrer sur la “poésie de la vie”, c’est-à-dire s’attacher en conscience à ce qui épanouit.
(…)
Selon Edgar Morin, pour la société, se mettre sur le chemin de la métamorphose, c’est s’éloigner des politiques d’exclusion pour privilégier celles “enveloppantes”, inclusives, qui crée l’attention à chacun et à tous.
Pour lui, le moteur est le principe d’espérance, cet espoir si puissant chez les jeunes, qui lève les peurs face au risque de la liberté. Il a été à l’œuvre dans le Printemps arabe…
Malheureusement, cette seule flamme n’est pas suffisante : il s’éteindra si elle n’est pas porté par une pensée. “S’il n’y a pas de pensée, les forces sociales ne sont pas capables de construire au-delà de la révolte » : c’est bien la démonstration qui en a été faire après les événements de 2009 aux Antilles-Guyane. »

Pour donner une idée des « relations de Relations » entre Edouard Glissant et Edgar Morin, citons Science avec conscience (Fayard, 1982) où Edgar Morin écrit :  « Le but de la recherche de méthode n’est pas de trouver un principe unitaire de toute connaissance, mais d’indiquer les émergences d’une pensée complexe, qui ne se réduit ni à la science, ni à la philosophie, mais qui permet leur intercommunication en opérant des boucles dialogiques. »

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