
« Vu de France, la francophonie est perçue comme l’espace de la périphérie, le centre étant la métropole et les multiples lieux desquels émane une parole en langue française, qu’il s’agisse du Maghreb, du Machrek, de l’Afrique subsaharienne ou des Antilles qui est le lieu d’émission d’Édouard Glissant, ou de la vie, tous ces lieux sont perçus comme étant des périphéries par rapport à la métropole.
Or, cette vision là est une vision qui est révolue, qui a disparu avec le colonialisme et l’évolution du monde tel que nous le vivons est tout autre. Elle montre que le monde se fait polycentrique, et que désormais toute périphérie est un centre.
Lorsque je parle, en partie en français, de ma mémoire maghrébine, je parle en l’émettant à partir du Maghreb comme centre et non pas d’une périphérie soumise à l’autorité d’une métropole.
Il en est de même pour ce qui concerne Édouard Glissant lorsqu’il parle à partir des Antilles ou à partir de sa Martinique natale. Et la révolution du jasmin illustre à la perfection cette idée que toute périphérie est devenue un centre puisque c’est de la périphérie, Sidi Bouzid, ce lieu complètement perdu en Tunisie, et qui perçu par rapport à centralité tunisienne comm étant une périphérie qu’a démaré cette révolution qui est en train de faire bouger l’intégralité du monde arabe. »
Extrait de l’entretien de Abdelwahab Meddeb (né à Tunis en 1946) sur Médi1 Radio, signalé par Thomas Spear (Île en île).
