Jean-Marie Gustave Le Clézio : « Il y a de l’ambiguïté dans la question de la francophonie », a commencé par relever cet écrivain français natif de l’île Maurice et élevé dans la double culture française et anglaise.
« Une ambiguïté que j’ai ressentie lorsque je me suis posé la question de la langue d’écriture, à mes débuts. J’ai ainsi écrit un polar en anglais, à 20 ans, que j’ai tenté de faire éditer sans succès. Soit mon intrigue policière ne fonctionnait pas, soit mon anglais n’était pas très bon. Je me suis alors tourné vers le français, comme vers une sorte d’empyrée, un monde qui n’était pas la réalité, peuplé d’astres qui étaient les grands éléments de la littérature française, les Rabelais, Voltaire, Rousseau, Victor Hugo, Baudelaire… Le bonheur d’écrire en français que je pouvais ressentir était alors assez proche de ce que pouvait ressentir un auteur africain, maghrébin, vietnamien ou d’Amérique centrale s’ils s’adressaient à la langue française. C’était le bonheur de partager un trésor, celui de la littérature française. Je crois que, là, cessait l’ambiguïté qui est celle d’assimiler la langue française à un déguisement du colonialisme. »
Pour le Prix Nobel, « les écrivains de la francophonie disent, aujourd’hui, des choses nouvelles et fortes et inventent, pour le dire, une nouvelle langue qui se joint à ce trésor commun ».
Plutôt que de bonheur d’écrire dans la langue de Hugo, Vénus Khoury-Ghata a évoqué « la lutte et l’empoignade » avec la langue française, qui, à l’opposé de l’arabe, n’exprime pas toujours, selon elle, la profusion ou la sensualité des choses et des sentiments. « La langue française a, comme les femmes, maigri avec le temps. Elle n’est plus cette langue de Rabelais, charnelle et pleine de jus, de rondeurs », a affirmé avec sa véhémence enjouée habituelle la poétesse libanaise d’expression française.
Lire la suite de l’article de Zéna Zalzal sur L’Orient-Le jour, 24/10/09.
