
Anti-poèmes et réel dans leur paradoxe sont au menu… de la revue de poésie mauricienne, Point Barre, dont le n° 4 vient de paraître aux éditions Le Cygne, et qui présente ainsi son objet :
» Point barre est la première revue mauricienne entièrement consacrée à la poésie d´aujourd’hui. La publication est ouverte à tous les poètes, locaux et étrangers, quelles que soient leur sensibilité et langue d’expression. Point barre compte parmi ses collaborateurs réguliers la plupart des jeunes auteurs mauriciens : Umar Timol, Yusuf Kadel, Michel Ducasse, Alex Jacquin-Ng, Gillian Geneviève, Sylvestre Le Bon, Ananda Devi…
Dans un entretien à L’Express (à l’hebdo mauricien), on retiendra ce dialogue :
« A Maurice nous n’avons pas un grand public de lecteurs et pour la poésie c’est encore pire. », observe Michel Ducasse, l’auteur de Calindromes. Il y a, dit-il, cette perception que la poésie « est une affaire des gens qui sont dans les airs, des rêveurs. Les gens pensent aussi que la poésie est quelque chose de compliquer. » Si beaucoup de progrès a été noté depuis l’indépendance, surtout pour la langue maternelle qu’est le créole, « il reste encore à faire. Parski kreol pa enkor rekonet.», ajoute Alain Ah-Vee.
Extrait de Point Barre :
La poésie m’emmerde (Francis Ricard). Il n’y a d’écriture que risquée. On le sait depuis Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Desnos, Ginsberg, Kerouac, Novarina, Pey, Siméon, etc. C’est en cela que le poète est » voleur de feu « , c’est-à-dire qu’il prend le risque de se brûler, de brûler, de nous brûler. La plupart des autres écrivent dans des bureaux climatisés.
Africultures consacre une analyse à cette livraison, sous la plume de Catherine Boudet, qui se cite elle-même, ce qui ne peut pas faire de mal :
Du poème-paille-en-queue du poète mauricien Anil Gopal à la déclinaison-sida en A du Belge Arnaud Delcorte, du poème en onze dimensions du Bulgare V.K. Valev au haïkon (anti-haïku) de la Réunionnaise Catherine Boudet, c’est toute une anti-grammaire du monde qui se dessine, dite par « d’autres lèvres encore pour mieux avaler la salive du silence » (Ananda Devi) et par laquelle « s’écoulent les montres molles à contretemps forcément » (Yusuf Kadel).

Au Sud des Cahiers, on plonge dans le Grand Sud des mots de Ducasse, qui n’ont rien de l’anti-poème : « Je te cherche dans l’ombre de mes mots. Pour solder impuissant ton compte de silences. »
