Césaire, ce grand cri nègre (6)

Lire sur le blog d’Alain Mabanckou , Le volcan s’est éteint d’Achille Mbembe, universitaire camerounais, enseignant à Johannesburg

Extrait :

L’universalité du nom « nègre », il faut la chercher non du coté de la répétition, mais de celui de la différence radicale sans laquelle la déclosion du monde est impossible.  C’est au nom de cette différence radicale qu’il faut réimaginer « le nègre » comme la figure de celui qui est en route, qui est prêt à se mettre en route, qui fait l’expérience de l’arrachement et de l’étrangeté.

Mais pour que cette expérience du parcours et de l’exode ait un sens, il faut qu’elle fasse une part essentielle à l’Afrique. Il faut qu’elle nous ramène à l’Afrique, ou du moins qu’elle fasse un détour par l’Afrique, ce double du monde dont nous savons que le temps viendra.

Césaire savait que le temps de l’Afrique viendrait, qu’il nous fallait l’anticiper et nous y préparer. C’est cette réinscription de l’Afrique dans le registre du voisinage et de l’extrême lointain, de la présence autre, de ce qui interdit toute demeure et toute possibilité de résidence autre qu’onirique – c’est cette manière d’habitation de l’Afrique qui lui permit de résister aux sirènes de l’insularité.

Finalement, c’est peut-être l’Afrique qui, lui ayant permis de comprendre qu’il y a des forces profondes en l’homme qui excèdent l’interdit, octroya à sa pensée son caractère volcanique.

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