A Wellington il y a plusieurs musées, dont le TE PAPA, qui n’est pas à proprement parler qu’un musée. Il est plus que cela:c’est un lieu d’apprentissages, de rencontres, de réflexion sur le devenir des gens, une leçon d’histoire, de sciences naturelles, de géographie, en pleine ville, sur le front de mer. On y passerait de journées entières, une par étage. J’ai hâte d’y retourner, ce sera pour le mois prochain.
Le PATAKA, un autre centre culturel, en fait un ensemble de différentes galeries sous une même administration, est situé à une demi-heure de Wellington, dans la commune de Porirua. Aujourd’hui est le dernier jour de « kanakart », une manifestation organisée conjointement par la Nouvelle Calédonie et le PATAKA. Cette exposition proposait « Traditional and contemporary indigenous art from New Caledonia » ; nous avons pu la visiter avec le renfort de commentaires et d’explications bienvenues sur les différentes pièces et les objectifs de cette exposition, merci Marianne Tisssandier pour la simplicité et les paroles essentielles. L’ensemble des pièces présentées forment un tout compact disposé à l’intérieur d’un espace de dimension moyenne, on est proche des objets, pas de vitre de séparation ni de « distance de sécurité », nous ne sommes pas, non plus, noyés dans une masse d’objets dont on ne saurait quoi penser, l’impact est immédiat d’autant que les pièces ont été très bien choisies, en petit nombre. Elles suffisent à donner un premier aperçu de la culture patrimoniale kanak. La présence d’œuvres d’art contemporaines, elles aussi choisies parmi le meilleur de ce qui se crée aujourd’hui, permet de réaliser, entre autres, l’importance pour les artistes kanak de s’inscrire dans une relation forte avec leurs anciens. Cette exposition va vraisemblablement être présentée en Nouvelle-Calédonie, Nouméa mais aussi l’intérieur de la Grande Terre et pourquoi pas les Îles. Suggestion : qu’il y ait toujours un guide lorsque les groupes d’élèves se présenteront. Car la compréhension, l’analyse, le commentaire, le regard critique, ça ne s’invente pas et ne s’improvise pas sur le tas ! Il est urgent de développer un véritable esprit critique dans un pays où la tendance, dans les différents domaines artistiques, est de tout mettre sur le même plan par ignorance, par facilité, parce qu’on pense que ce n’est « pas si important que ça », par crainte de froisser, heurter, attrister, ou carrément crainte de se tromper.
Au PATAKA, j’ai raté l’exposition de Michel Tuffery, d’il y a deux semaines. Aujourd’hui, j’ai récupéré la plaquette de présentation, plusieurs de ses peintures placent James Cook dans le monde maori et sous des traits maoris. On m’a dit avoir pensé au « Dieux sont borgnes » en visitant cette exposition. C’est vrai pour l’affiche du spectacle, bien qu’elle ne représentait pas Cook, mais c’est aussi l’ensemble du personnage de James Cook dans cette pièce qui peut avoir laissé l’impression d’un Capitaine momentanément devenu polynésien ! L’artiste, comme quelques autres à travers le monde, dont un de Papouasie-Nouvelle- Guinée qui a exposé au Centre culturel Tjibaou il y a quelques années, a fait un « bœuf » en boîtes de corned beaf de récupération, en fait il en a fait quatre de ces « life-sized bull sculptures ». Alors que la plupart de ses bœufs en boîtes de conserve aplaties, de couleurs multiples et savamment disposées, sont posés les quatre pattes au sol, celui présenté ici, toujours en place alors que l’expo est terminée, a une attitude similaire à celle du taureau que l’on peut voir dans une fresque crétoise, provenant du palais de Cnossos, si je me souviens bien : les deux pattes arrières violemment projetées en l’air, alors que la tête lance furieusement sa paire de cornes vers l’avant et qu’un athlète plane littéralement au-dessus de la bête.
Je me demande si Michel Tuffery a vu des reproductions de ses fresques. J’espère que les enfants d’aujourd’hui ont toujours, en classe, la possibilité d’aller à la rencontre de civilisations merveilleuses, inaccessibles autrement qu’en rêve.
