» De l’autre côté « , un film comme un livre

Comme le Petit Poucet semait des cailloux, Fatih Akin sème des livres dans son film De l’autre côté.

Prix du scénario au dernier festival de Cannes, De l’autre côté, raconte les cheminements croisés de six personnages entre l’Allemagne (le réalisateur est né à Hambourg) et la Turquie (il est né de parents turcs).

Au début du film, après un prologue en Turquie, Nejat, l’universitaire, apporte à son père, Ali, un livre dont il ne lui dit rien.  » Tu le liras « , lui dit-il.

Ali propose à une prostituée de  » travailler  » pour lui, chez lui. Elle accepte. Pour deux raisons : elle est menacée par des fondamentalistes turcs et musulmans et elle doit continuer d’envoyer de l’argent à sa fille, Ayten, restée au pays,  » pour qu’elle fasse des études « . Elle ne sait pas qu’elle vient d’arriver à Brême où elle vit. Un plan la montre endormie de fatigue dans l’amphi où Nejat enseigne la littérature allemande.

Une mort plus tard (celle de la prostituée), Nejat se retrouve à Istambul, venu à la recherche d’Ayten.

Il entre dans une librairie allemande à vendre. Le libraire, épaté par son intérêt, lui tient ce discours :  » Ce serait drôle un Turc vivant en Allemagne qui achèterait une librairie allemande en Turquie « . Nejat devient le propriétaire.

Lorsqu’à son tour une jeune Allemande entrera plus tard dans la librairie, avec qu’elle meure… le livre que le nouveau libraire lui conseille est le rapport d’Amnesty international sur la Turquie.

Enfin, après ces deux morts de femmes (une Turque en Allemagne, une Allemande en Turquie), l’une des réconcilations aura lieu dans la librairie, entre la mère (allemande), interprétée par Hannah Schygulla, et l’amie (turque) de sa fille morte, une jeune militante (Nurgül Yesilçay). Elle-même vient de quitter la prison en remettant à l’une de ses co-détenus, un livre.

De l’autre côté, un film comme un livre. Ses personnages vivent sur leur ligne de vie chaotique entre Allemagne et Turquie.Les ellipses et les digressions d’Akim sont très maîtrisées. Leurs points de jonction sont seulement visibles par le spectateur. « J’ai écrit mon film comme on fait un puzzle. J’ajoutais des pièces et gardais celles qui s’emboîtaient bien. » (Fatih Akin, Studio magazine, novembre 2007).

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