Alabama song, le brio d’un écrivain

Alabama song

Il était le favori de François Nourissier. Gilles Leroy vient de remporter le prix Goncourt 2007 pour Alabama song (Mercure de France). Comme rarement un livre n’était autant présent sur les listes des prix littéraires de la rentrée. Cela fait de la place pour les autres candidats au Médicis et au Renaudot (remporté par un écrivain consacré mais pas sur la liste, Daniel Pennac, pour Chagrin d’école [Papalagui, 29/10/07]). Leroy est encore en lice pour le prix roman France Télévisions.

Alabama song est le portrait émouvant et tragique de Zelda Sayre, futur Mrs. Francis Scott Fitzgerald. Elle est fille du Juge, notable du Grand Sud, où courent les préjugés racistes en ce début de siècle, un  » cloaque de chic «  selon Zelda, héroïne magnifique, amoureuse malgré la souffrance de cet amour qu’elle endure… Scott  » sous l’emprise – l’empire – «  duquel elle sombrera.

Le mot qui vient à la lecture du roman : brio de l’auteur qui sait donner de l’épaisseur aux sentiments, comme un écrivain de talent, doué mais travailleur. Il alterne les chapitres où son personnage décrit ses états d’âme, ses tourments, la psychologie fine qu’elle a a des hommes et les chapitres où plus âgée elle se confie à chacun des nombreux psy. qui l’ont suivie  » Il a choisi les plus renommés des psychiatres. Ainsi restons-nous entre célébrités.  » :

 » Vous étiez trop jeune, docteur, vous ne pouvez pas vous imaginer, à nous voir décatis aujourd’hui et tombés dans l’oubli, comme nous étions célèbres, l’idole et moi – « son Idéale », disaient les chroniqueurs mondains.  »

Scott et son homosexualité progressivement révélée. Amour-haine aux liens savamment évoqués, composés d’un usage subtil des dialogues, descriptions, réminiscences, notations sur l’enfance, ses espoirs fous et sans vergogne :

 » Scott aimait sa roulure aristo, sa crottée à l’esprit cinglant, sa meilleure alliée sur la couverture des magazines. Scott, ce qu’il aimait et désirait, c’était sa Southern Belle. pas un travelo dans le miroir.  » 

et, vers la fin d’un roman qu’on sent porté par l’admiration et l’amour de son auteur pour son personnage, qui l’écrit en partie ce roman :

 » On dit que ma folie nous a séparés. Je sais que c’est juste l’inverse : notre folie nous unissait. C’est la lucidité qui sépare. « 

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