C’est comme une bouffée d’air frais sur les mots !
Un Lexik des cités (Fleuve noir) où les mots sont graffés et graffités au beubz par les jumeaux Alhassane et Alhousseynou Sarré. Une véritable fête au tieks d’Evry. Des sauces du nom de Cédric, Cindy, Dalla, Franck, Imane, Kandé, Marcela, Marie Mirline : » J’espère que les gens apprécieront ce Lexik, écrit dans l’introduction Boudia, qu’ils comprendront que notre langage n’est pas agressif et qu’on peut très bien parler les deux langages, celui des jeunes et celui des livres. «
Comme leurs auteurs, les mots viennent de partout, de l’Arabie, heureuse ou malheureuse, du verlan, de la mode, de mots en bordel, pour les blédards comme pour les bolos, les bâtards comme les balances portant bishop.
Négro est défini comme » terme affectueux pour interpeller un ami ou un proche » : » Wesh, négro, tu fais quoi aujourd’hui, tu dînes à la maison ? » alors que les » renois » (noirs en verlan) sont appelés aussi » karlouch « , selon une étymologie arabo-dialectale et… amicale. Et les Antillais… Moikas.
Intérêt du Lexik : un code décodé, hors ghetto.
Dans la préface on peut y lire côte à côte, Alain Rey et Disiz La Peste dans un beau dialogue où l’histoire des mots est vivace. Exemple :
– Quand on dit à quelqu’un t’es grave, dans le sens de t’es lourd… (Disiz La Peste)
– Les Romains auraient compris ! (Alain Rey).
Ou encore (c’est toujours le dictionnariste qui parle) : » Pour moi, le critère pour qu’un mot intégre le Petit Robert, ce n’est pas qu’il soit employé dans les cités. Ça ne suffit pas. Il faut que ces mots soient sortis des cités et qu’ils soient allés dans les cours de récréation, comme les mots keuf ou keum, par exemple. Et dans les cours de récréation, c’est toutes les classes d ela société qui les emploient. «
Après Erik (toujours avec un » k » comme le Lexik !) Orsenna et son succès de librairie, La grammaire est une chanson douce, c’est un autre lettré et autre Goncourt qui va sur les brisées des lexicologues. Patrick Rambaud publie La grammaire en s’amusant (Grasset). Il établit un dialogue avec un enfant de 7 ans, amateurs d’images mais peu de mots châtiés…
En résumé, écrit l’auteur de La Bataille :
. Lire des livres reste la meilleure méthode pour se perfectionner dans l’art d’en parler et d’écrire. [Pour parler des livres que l’on n’a pas lus, cf. Pierre Bayard, Papalagui 5/01/07].
. Le roman est le plus interactif des médias, puisque le lecteur doit accomplir la moitié du chemin : son imagination seule va animer le texte.
. Le roman est par essence multimédia. Avec des mots, il fait surgir des images, des sons, des volumes, des couleurs, des odeurs et des mouvements, des émotions.
. Le village planétaire, où l’électronique nous fait entrer, est un monde de solitude.
