On sait que l’écrivaine bangladaise Taslima Nasreen vit depuis la publication de son premier roman, Lajja (édité en français par Stock en 1994), sous la menace d’une fatwa. Le premier ministre du Bangladesh (une femme) l’a même traitée de « pornographe » lors de la sortie de son livre, Enfance, au féminin (Stock, 1999). Sa tête a été mise a prix. Ses livres sont interdits dans son pays. Faut dire qu’elle est athée. Lajja (La Honte en français) a pour dédicace : « Aux peuples du sous-continent indien. Que la religion ait pour nom humanisme. »
Après un exil en Suède, elle vit principalement à Calcutta. Jeudi dernier, nous rapporte Françoise Chipaux, du Monde, alors que Taslima Nasreen participait à une rencontre organisée par le club de la presse d’Hyderabad pour le lancement d’un de ses livres en telugu, une des langues importantes de l’Andhra Pradesh, elle s’est faite agressée par des fondamentalistes musulmans. La télévision locale montre qu’on lui envoie des fleurs pas vraiment pour la féliciter. Elle est protégée par des organisateurs de la manifestation. Voir le reportage de la chaine locale, Headlines : http://fr.youtube.com/watch?v=0p-T5vG4yl4
Taslima Nasreen est visiblement choquée. Un représentant d’un parti musulman annonce doctement devant la caméra que « l’amnistie dont elle bénéficiait en Inde est caduque ».
Dans son récit Rumeurs de haine (ed. Philippe Rey et Points Seuil), Taslima Nasreen détaille les motifs de la fatwa. Par ailleurs, elle revient sur les propos erronés qu’un journal (The Statesman) lui avait prêté de « corriger le Coran » :
« Je n’ai jamais parlé de corriger le Coran, il n’en a jamais été question pour moi, puisque je ne suis pas croyante. Je considère qu’aucun livre religieux ne vaut pour notre époque. Je revendique depuis longtemps le rejet des lois d’origine religieuse, puisque l’ensemble des religions dénient tout droit aux femmes, et je demande l’instauration de lois dépourvues de toutes disciminations entres les femmes et les hommes » (p.255)
François Chipaux nous apprend dans l’article du Monde : « En mars 2007, le All India Ibtedad Council avait offert 500 000 roupies (10 000 euros) contre sa tête. Le président de ce groupe, Taqi Raza, avait affirmé que cette menace serait levée seulement après les excuses de l’écrivaine, la promesse qu’elle brûle ses livres et qu’elle quitte l’Inde. »
