Lussas (4/11) et son bedeau badin

Quatrième article d’une série de onze sur les États généraux du film documentaire, dont la trente-septième édition s’est achevée le 23 août 2025. Le son c’est aussi la parole filmée.

[affiche du film « Soulèvements »]

Dans la nuit, en plein air, on va projeter Soulèvements, de Thomas Lacoste.

Il faudra près d’une heure pour que l’ensemble des sept cents spectateurs entre par le chas d’aiguille du contrôle des billets, selon que l’on a réservé ou que l’on est sur une liste d’attente. 

On se laisse porter par la voix des seize militants des Soulèvements de la Terre, lors de longues interviewes où se déploie une intelligence fine, solidaire et politique des membres de ce collectif écologiste radical opposé à des projets d’aménagement, dont les « méga-bassines ».

Séance roborative où l’enthousiasme est sur l’écran autant que dans le pré. A l’applaudimètre, sous les étoiles, le public est manifestement conquis par cette plongée au cœur d’un mouvement que le ministère public a voulu interdire le 21 juin 2023, dissolution finalement annulée par le Conseil d’État le 9 novembre de la même année. La sortie du film Soulèvements est prévue pour février 2026.

Quand la foule des spectateurs rejoint qui leur gite, qui leur tente de camping, nombreux sont sans doute pour qui résonne l’écho d’une coïncidence heureuse : au moment où le film montrait une tour de guet dans une ZAD (Zone à défendre), sous la forme d’une photo d’archives en noir et blanc, les dix coups de la cloche des 22 heures sonnaient à l’église de Lussas. Comme si un bedeau badin avait attendu ce moment pour souligner la force du réel. Ici le documentaire est chez lui.

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