
Ce 11 octobre, le voyageur eut de la chance.
Un sandwich de konbini contenta sa faim tant la beauté des eaux de la mer de Seto le ravissait.
Entre ce littoral et la dernière demeure de Santōka, il n’y avait que quelques kilomètres. L’un des plus grands poètes de haïku du XXe siècle était mort ici à Matsuyama, un 11-octobre 1940.

Des eaux limpides au pied du sanctuaire shinto Shiraishi Ryu, puis une bénévole du groupe Santōka de la ville accueillaient le voyageur en ce jour de célébration.
Comme si tout convergeait, au bon moment, autour d’un simple haïku, dépouillé même du mot de saison, contrairement à l’usage répandu depuis Bashô. Mais un haïku qui pouvait convenir comme simple bagage, tellement il était comme les eaux, limpide.

Alors le voyageur se fit la réflexion qu’il n’y avait pas de plus grand bonheur : trouver le lieu du poème, le trouver sans le chercher, le lieu qui incarne le poème comme si le poète l’avait écrit ici même. Et que le poète s’adressait au voyageur.
われいまここに
海の青さの
かぎりなし
ware ima kokoni
umi no aosa no
kagirinashi

Me voici
là où le bleu de la mer
est sans limite
Santōka (1882 – 1940)
Cheng Wing Fun et Hervé Collet, Santōka, journal d’un moine zen, éditions Moundarren, 2003, 2013.
