À Tokyo, trois calligraphes japonaises

Des émotions qui traversent le voyageur au pays des calligraphes, l’une des plus saisissantes jusqu’à présent est celle des aveugles en atelier de calligraphie.
Comment illustrer mieux ce phénomène : au pays des écrans, petits ou géants, personnels ou publics, la lettre est partout, dans une proximité intime, et tout Japonais n’est-il pas d’abord et avant tout un lettré ?
Pendant six ans l’enfant apprend les caractères chinois, au minimum deux mille.

[photo Bob Leenears]


Un jour, l’un d’entre eux, ou l’une comme cette femme élégante, ne voit plus.
Ici dans un groupe de malvoyants en atelier de calligraphie, elle apprend à dessiner sur une plaque de polystyrène des caractères chinois à l’aide de pâte à modeler.
Le relief du caractère guide ses deux mains et son geste devient majestueux.

Un geste qui rappelle celui d’un Trésor national vivant, le portrait d’un calligraphe aveugle, narré par Michael Ferrier dans « Tokyo, Petits portraits de l’aube », Gallimard, 2004, Arléa, 2010 :

« Soudain il se lève et, avec une célérité étonnante pour son âge, il s’empare d’un pinceau et d’un halo de couleur crème. Très vite, il inscrit quelque chose de noir sur le papier blanc, sa main zèbre l’espace et le fait exister. Il trace à une vitesse folle : je vois les caractères s’élancer dans la pièce en volutes déliées. Il trace comme on abat un grand arbre, comme on désarme un adversaire, comme on engloutit une poire, comme on dénoue le cordon d’un sac. »

La calligraphe Akiko Yamaguchi me montre son travail corrigé par sa professeure. Elle vient d’être classée au 17e dan (grade) sur une échelle de 24.

Pour calligraphier les 17 syllabes d’un haïku, elle a choisi le style 新書芸 (shinshogei), littéralement « nouvelle calligraphie artistique », caractérisé par sa lisibilité.

Enfin, une performance de la jeune calligraphe Misaco.

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