Bon anniversaire René Depestre !

Écrivain haïtien des Corbières né à Jacmel, au sud d’Haïti, il entretient très tôt, grâce à son père, un « rapport cosmique » à la nature. Étudiant révolutionnaire à 20 ans, avec notamment Gérald Bloncourt, photographe de quelques mois son cadet, exilé à Paris lui aussi puis poète anticolonialiste avec les figures de la Négritude, Césaire, Senghor, Damas, dont il se démarquera plus tard dans Bonjour et adieu la négritude, il devient proche de Che Guevara, ambassadeur du Cuba de Castro pour lequel il ira jusque dans la Chine de Mao-Zedong. Il sera en rupture de Cuba dans les années 70 alors que l’Amérique Latine et le Brésil de Jorge Amado constituent son continent de prédilection.
Ses livres portent des titres empreints du réel merveilleux et de surréalisme : Alleluia pour une femme-jardin (bourse Goncourt de la nouvelle), Eros dans un train chinois, Arc-en-ciel pour un Occident chrétien. Prix Renaudot en 1988 avec Hadriana dans tous mes rêves, il développe dans ses livres des personnages attachants influencés par le vaudou et  l’« érotisme solaire ». Grâce à ce succès, il achète sa maison de Lézignan-Corbières (Aude) qu’il baptiste Hadriana, avec un « H » comme Haïti.
Humaniste, fervent militant du métissage, « non-croyant », après des recueils de poèmes et des essais, il revient au roman en 2016 avec Popa Singer. C’est une réussite littéraire empreinte de surréalisme, de trouvailles de langage (« haïtionades, haïtionâneries et créolades« , selon ses néologismes gourmands). L’intrigue de ce roman autobiographique, située en 1957 à l’aube de la dictature duvaliériste, dresse un éloge de sa mère, surnommée Popa Singer, qui lui a donné le goût de conter des histoires, des « lodyans » haïtiennes. Oncle de Michaëlle Jean, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, celui qui a un très profus chantier d’écriture en cours, et qui projette d’écrire prochainement un livre hommage à Cuba intitulé : « Les aveugles font l’amour à midi », a 90 ans et se nomme René Depestre.

L’ensemble du fonds d’archives de René Depestre est accueilli depuis 2007 à la Bibliothèque francophone multimedia de Limoges.

En 2014, un colloque international a réuni écrivains et universitaires. Les actes sont publiés chez Hermann sous le titre René Depestre, le soleil devant (Marie Joqueviel-Bourjea & Béatrice Bonhomme éd. / « Avant-propos », pages 5-13), actes du colloque de mai 2014 à la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges, Paris : Hermann, coll. « Vertige de la langue », 418 p. Avec des contributions de : Arnaud Beaujeu, Michael Bishop, Béatrice Bonhomme, Jean-Luc Bonniol, Serge Bourjea, Michael Brophy, Peter Collier, Louis-Philippe Dalembert, Éric Dazzan René Depestre, Odile Gannier, Chantal de Grandpré, Joëlle Guatelli-Tedeschi, Rémi Guittet, James Noël, Michael G. Kelly, Yanick Lahens, Thierry Ozwald, Ronnie Scharfman, Jean-Luc Steinmetz, Ilda Tomas, André Velter, Arnaud Villani.

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