Après un séisme meurtrier, après Fukushima, le caractère japonais 絆 (kizuna), qui signifie « lien », a été choisi par l’Association pour l’examen des capacités en caractères chinois pour devenir le kanji de l’année 2011, nous apprend le site Japanvibes, qui publie une photo du temple bouddhique de Kiyomizu-dera, où a été annoncé la nouvelle :
Selon Philippe Pons, envoyé spécial du Monde à Kyoto : « Sur les 500 000 propositions soumises à l’Association, 12 % ont fait du « lien » le symbole de l’année 2011 (…) L’idéogramme de l’année est une tradition récente. Elle remonte à 1995, après un autre drame : le séisme de Kobe (6 500 morts). Cette année-là fut choisi « tremblement ». Pour le supérieur du Kiyomizu, Seihan Mori, « toute reconstruction passe par le lien ».
Ce kanji de l’année nous rappelle le souvenir d’Édouard Glissant, disparu cette même année 2011, un 3 février, dont la Philosophie de la Relation était l’un des engagements cardinaux. Nous lisons p. 72 de cet essai publié chez Gallimard en 2009 : « Les poétiques relatent, elles ne racontent pas, elles disent. La Relation se renforce quand elle (se) dit. Ce qu’elle relate, de soi-même et pour soi-même n’est pas une histoire (l’Histoire), mais un état du monde, un état de monde. Les histoires des peuples en sont partout les reflets consécutifs. La relation n’est pas le récit, et cet état du monde n’est en rien le révélé d’une fiction. Nous tremblons à le penser.
Il se réalise alors que la Relation n’a pas de morale, elle crée des poétiques et elle engendre des magnétismes entre les différents. »
La Relation, le tremblement… tout serait-il contenu dans un kanji de l’année 絆 (kizuna), qui fait lien et donc fait sens ?
