Brassens, Vian et Alexis Jenni : décélébrer ? décérébrer ?

En 1952, Frantz Fanon écrit Peau noire, masques blancs.

En 1952, Georges Brassens chante La Mauvaise réputation :

« Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n’écoutant pas le clairon qui sonne.
Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux,
Non les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux,
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi. »

En 1953, Boris Vian chante Le Déserteur :

Monsieur le Président / Je ne veux pas la faire / Je ne suis pas sur terre / Pour tuer des pauvres gens

C’est pas pour vous fâcher / Il faut que je vous dise / Ma décision est prise / Je m’en vais déserter.

Depuis que je suis né / J’ai vu mourir mon père / J’ai vu partir mes frères / Et pleurer mes enfants.

En 1954, commence la Guerre d’Algérie, le 1er novembre, date qui deviendra le Jour de la fête nationale.

En 2011, le roman d’Alexis Jenni, L’Art français de la guerre, évoque La Bataille d’Alger, film (1965) de Gillo Pontecorvo sur la guérilla dans la Casbah d’Alger (1957). La présence d’un char russe prêté par l’Armée de libération nationale algérienne (ALN) fait prendre conscience au narrateur du livre que La Bataille d’Alger est un « film officiel des accords d’Évian » où Algériens du FLN et Français de France « se mettent d’accord pour ne rien dire d’un peuple pied-noir » (p.591).

Brassens, Vian, Jenni décélèbrent les rassemblements patriotiques pour éviter sans doute de nous décérébrer.

 

 

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